Mon prénom n'est pas mon choix
Enfin, des prénoms féminins, entendons-nous. Je n'ai rien contre Robert, Armand ou Gustave. Moi qui me nomme unilatéralement Barnabé, je n'ai pas de leçon à donner (cette fois ci).
Je n'éprouve absolument rien en entendant des prénoms masculins, moi qui n'apprécie déjà pas le mien. Enfin, le vrai, Barnabé me fait rire. Peut-être d'ailleurs que par grand monde apprécie son propre prénom.
Pur désir de contradiction car il est très rare de pouvoir choisir son propre prénom (à moins de s'appeler gurf, meuh ou oinnnnnn).
Par contre, j'aurai bien aimé avoir le prénom de ces caïds de l'école, je trouvais qu'ils assuraient avec le leur.
Débile association.
Je ressens une sensualité dans un prénom à cause de l'image qui y est associée. Et depuis l'école primaire et mon institutrice Madame Château, j'aime bien les images.
Par exemple.
Marie. Ce n'est pas tant que j'ai été bercé trop près d'un crucifix étant petit, ni baigné dans la lueur divine de
Marie a été cette jeune fille, cette copine de plage de l'île d'Oléron. Il y avait Marie et Vanessa.
Elles n'habitaient pas très loin de la location familiale, elles étaient l'animation de nos vacances à un âge où nos regards lubriques d'adolescent s'allumaient à la vue d'un maillot de bain deux pièces.
Jeanne. Après Marie, Jeanne d'Arc, mais en fait point du tout. Jeanne est tout un autre poème.
Sophie. Qu'on pourrait appelé cochonnailles avec un cheveu sur la langue (bah oui, Fophie fon fec). Laissez tomber, j'ai un syndrome Sophie Favier depuis la maxi-tête de Canal+.
Mais en fait, Sophie était mon rêve de collège.
Anne. Ah, Anne. Pourquoi tes parents t'ont placée dans ce collège privé ?
M'enfin, depuis, à propos d'Anne, j'ai changé d'avis. ;-) (private joke)
D'autres prénoms m'inspirent mais je m'en arrête là.
Je transite vers le choix cornélien du prénom de son enfant.
A part le fait que des parents bien intentionnés et possédants à eux deux plus de deux neurones doivent d'abord penser à l'avenir psychologique de leur progéniture au lieu de se faire égoïstement plaisir, choisir un prénom est très difficile.
Ne pas choisir un prénom de quelqu'un qu'on connaît ou qu'on a connu par une mauvaise expérience.
Et c'est là qu'on s'aperçoit que dans une vie d'un quart de siècle, on croise beaucoup de monde qui nous rappelle, grâce à leurs prénoms, plein de souvenirs. Alors il faut chercher. Chercher et s'accorder.
S'égarer vers une connotation régionale, bretonne ou gasconne, anglaise ou ouzbèk.
Par exemple, il y a un an, j'aurai choisi Loïc, aujourd'hui, c'est devenu beurk. Les anciens comprendront.
On plonge alors dans l'histoire des prénoms pour découvrir quels grands hommes ou célèbres femmes ont portés ces prénoms.
La mode pro-US étant à peu près en voie d'extinction, nous commençons à échapper à Kevin et Steven.
Je me demande bien si mes enfants seront ou non satisfaits de nos choix.
Curieusement, au moment du choix du prénom de la gamine, nous pensions avoir eu une lumière, une idée épatante pour qu'elle ne se fonde pas dans la masse. Ça n'aura duré que le temps d'aller à la mairie et de s'entendre dire : « ah tiens, c'est marrant, c'est la deuxième aujourd'hui, c'est à la mode ».
Le temps de faire un fonctionnairicide et je retournais à la clinique avec une moue dubitative.
C'est quand beau un prénom. Le votre, ça va ?