Dimanche encadré
Finis les cendriers en rotin auto inflammables et les colliers
en poils de loutre tissés, les cadeaux de fêtes des pères se sont améliorés.
Que voilà un joli cadre qui sortait de son papier cadeau en ce
dimanche matin à l’aube.
Magnifiquement décoré avec des matériaux dont les noms me sont
inconnus, orné de collages de lettres qui ne me font pas oublier comment s’écrit
P.A.P.A.
Et la photo centrale où le bambin s’est laissé attrapé en haut
du toboggan rouge.
Mes craintes n’étaient donc pas justifiées et je m’excuse auprès
de la maîtresse d’avoir pu un instant songer que, sous cet air avenant d’un
professeur adorant les enfants, pouvait se cacher un monstre d’imagination
perfide.
Le cadeau trônera donc dans la chambre parentale afin que je n’oublie
pas que derrière une fourbe ingratitude enfantine se cache un être formidable
(on en rediscutera à ses 18 ans quand il aura eu son bac).
Bien sûr ce dimanche surchauffé ne fut pas que cela puisque, lorsque le réveil matin guttural de la petite se met en marche à 6h20, la journée ne peut être que longue.
C’est ainsi qu’il est possible avant 8 heures du matin d’avoir
sorti deux fois la serpillière mais je vous ferai grâce des détails d’autant
que la punition n’est pas terminée, le chien continue de se vider de son sang,
pendu au pêcher par les pattes arrière.
C’est ainsi que le dimanche est passé en deux visites
parentales pour biser nos pères respectifs, en couscous arrosé de rosé bien
frais et de courses arrosées d’eau fraîche.
Chez le mien de papa, je l’assistais en faisant revivre des
plaques photographiques immortalisant des scènes familiales des années 1880. Héritage
Impressionnant.
C’est un dimanche paisible qui ne me faisait pas oublier le
concert en voix discordantes de l’école maternelle du fiston.
Première réelle manifestation culturelle d’une troupe
gesticulante et braillante à laquelle appartenait ce petit blondinet à la
coiffure incertaine qu’il était impossible de rater dans la foule.
De chants lyriques, il ne fut pas trop question car ses
activités de chamailleries furent bien plus importantes à ces yeux. Et c’est un
fait que son regard d’enfant de 5 ans se portait sur la petite copine en robe
rouge.
Et vas-y que je te pince les fesses, que je chatouille, que je
t’hurle dans le pavillon de l’oreille, tout cela en mimant par instants une
chorégraphie irrégulière. Certes que la petite n’hésitait pas à participer,
mais j’u une pensée émue vis-à-vis de ses parents effondrés tentant de filmer
le spectacle, pardon pestacle (à 5 ans, le spectacle est un pestacle).
Ma deuxième pensée fut tendre vis-à-vis du fiston qui avait
déjà compris tout l’intérêt que pouvait comporter une petite fille. Je ne lui
ai pas dit qu’il n’était pas au bout de ses peines à ce sujet (peines dans tous
les sens du terme d’ailleurs).
Ben quoi, moi je fais pareil que lui à mon âge alors ?
(Le premier qui pense qu’il tient cela de moi se prend un
taquet)
Donc, le week-end fut familial, comme pour ne pas oublier que
le prochain sera hormonalement beauf.
Bonne semaine à tous.