Le 2ème jour
Je traversais encore la cour de récréation ce matin que j’entendais
toujours ma fille brailler des énormes ‘PAPA’, sanglotant et tremblotant. Et
pour tout dire, quand elle veut, elle a de la voix, la bougresse.
Evidemment, elle savait, le lendemain de la rentrée, ce qui
allait lui arriver.
Elle allait être enfermée des heures avec la Directrice qui
hurle aussi BONJOUR MADAME, BONJOUR MONSIEUR à chaque parent.
Elle n’est pas méchante la Directrice. J’espère
sadiquement que les pleurs de ma fille vont déclencher une réaction nucléaire
en chaîne auprès des autres bambins légèrement plus silencieux.
Comme cela, tout le monde oubliera qui c’est qui a commencé.
Parce que dès que les autres navets seront en train de brailler, je vois tout à fait ma fille adorée stopper sa réaction lacrymale et observer les autres nains se répandre en liquide en se demandant ce qui peut bien les prendre à pleurer toutes les larmes de leurs corps menus.
Si ça se trouve, elle va croire que ses copains copines se
fichent de sa tête en l’imitant et là, elle va distribuer des torgnoles pour
leur faire comprendre que ce n’est pas drôle et que voilà, pif paf poum, une
bonne raison de chialer.
On va passer pour de mauvais parents qui couvent trop leur
fifille. Ce n’est même pas vrai, la preuve, je ne vais pas les assigner en
justice pour mauvais traitement psychologique.
Et puis d’abord, c’est la faute aux autres parents des autres
gnomes.
Déjà hier, alors que nous, nous étions disciplinés. Nous avons
accompagné les enfants à 8h20 comme inscrit sur la feuille.
Nous sommes partis à 8h30 de la classe, comme inscrit sur la
feuille.
Et j’attendais à quelques mètres dans la cour pendant que ma
femme me tirait en arrière ‘allez vient, ça ira’. Je vous ai déjà dit que ma
femme était totalement insensible.
D’ailleurs, à la maison, c’est elle qui frappe les enfants avec
les bûches de la cheminée.
Mais, jusqu’à 8h45, il y a encore des parents en retard qui ramenaient
leurs chiards. Et d’autres qui ne quittaient pas
la classe. Alors que ma
fille était déjà abandonnée depuis plus d’1/4 d’heure.
C’est des cons ces parents.
Font tous chier. AHHHHHHHH !
M’énerve.
Avec tout ça, c’est insupportable de sentir sa fille terrorisée
et de s’en aller.
Je suis d’humeur exécrable.
Ce n’est pas ma ‘tite femme qui dira le contraire même si elle
ne fait rien pour me consoler.
Faut que j’engueule quelqu’un.
Tiens, un e-mail dans ma boite de réception.
Une quadragénaire asociale qui ne se remet jamais en question
me demande en audience.
Bon, je vous laisse, je sors le kit de nettoyage. Va y’avoir de l’hémoglobine sur les murs.