Le jour du changement de perspective
Je n’aime pas me faire klaxonner au feu. Surtout quand l’avertisseur
ne m’était pas adressé et que le vert du tricolore venait à la seconde de s’allumer.
Alors par soutien avec la voiture qui me précède en dormant, je roule
doucement.
Je n’aime pas les piétons qui imposent leurs traversées. Ni les
voitures qui sortent avec autorité de leurs ridicules priorités à droite de
routes départementales alors que je vaquais sur ma nationale.
Mais souvent, je klaxonne ces andouilles qui n’avancent pas aux
feux. Je fais valoir mon état de piéton sur tous les passages cloutés en m’engageant
face aux voitures trop véloces. Et lorsque je viens de la droite, je m’avance
au milieu de la chaussée parce que quoi, zut alors, c’est mon droit.
Tout est une question de point de vue.
A chaque fois, je sais que j’ai raison.
C’est cela lorsqu’on est de mauvaise foi.
C’est une question de manipulation de principes. Juste pour se
donner bonne conscience.
Adaptabilité au bord de l’hypocrisie pourtant si aisément
rejetée.
Sensation de franchise bafouée.
Parce que je crois que finalement, ceux qui suivent avec trop
de rigidité leurs justes principes ne sont pas ceux qui s’en sortent le mieux.
Fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais.
C’est dommageable. Ce sont donc ceux qui profitent qui gagnent.
Je ne suis pas un profiteur, je suis capable de m’accommoder
aux situations. Question de point de vue.
Le raisonnement est valable dans toutes les situations de la
vie.
L’image du cyclone est bonne et d’actualité cynique.
Les vents sont dans un sens à l’entrée dans la tempête.
Puis l’œil du cyclone, étonnement calme.
Ensuite les vents tournent dans l’autre sens.
Il faut être là. Question de point de vue. L’idée générale du compromis
peut soulager la conscience.
L’œil du cyclone est là.
Je sens les autres vents venir.
Je vais vendre mon âme au Diable.
Il me suffit juste de trouver des excuses.
Du genre, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. L’essentiel
est ailleurs. Les autres feraient pareil…