Le jour où l'abonné ment (3)
Suite de là.
Madame, Monsieur,
Je m’aperçois que vous êtes de plus en plus rapide à me
répondre. Un envoi de ma part le 3 octobre à 9h00 pour une réponse à 9h30 le même
jour !
Cela remplit mon cœur de joie. Certes, votre message est
toujours froid et automatisé, il ne répond absolument pas à mon problème, mais cette
réactivité prouvée m’annonce des lendemains meilleurs dans nos échanges
épistolaires.
Cela dit, voilà passée une semaine supplémentaire, sans
nouvelle de votre part au sujet des 1€50 qui, je suis persuadé, ne sont pas
perdus et sont sans aucun doute au chaud sur un compte bancaire en train de se
faire fructifier sur l’autel d’un groupe financier de presse.
Peut-être bien ont-ils gagné à l’heure actuelle –soyons fous-
0.005 €.
Mais peu importe ces digressions philosophico - économiques, attardons
nous tout de même sur cet écart entre l’abonnement et le réabonnement.
Devant l’absurdité d’une telle situation, j’aurais pu jeter mon
magazine de colère en jurant qu’on ne m’y reprendrait plus.
Fi de cela, j’ai l’esprit ouvert et je me plais à entretenir
notre discussion malgré votre indifférence.
Ah si vous saviez comme je suis capable d’être insistant. Peut-être
même commencez vous à vous en apercevoir.
Les filles du lycée me le disaient aussi voilà bien des années
(ça ne nous rajeunit pas ma bonne dame) bien que je fusse plus timide à cette époque.
Maintenant que nous sommes presque intimes à force d’écriture (bien qu’elle
soit unilatérale), je vous raconterai plus tard quelques anecdotes que je
considère non piquées des hannetons (si je peux me permettre, entre nous).
Ma petite lettre du lundi matin me permet de commencer la
semaine dans la joie et la félicité.
J’espère qu’il en est de même pour vous car je ne suis pas (encore)
arrivé au stade des diverses insultes et moult appréciations négatives à votre
égard.
Même si je l’avoue, dans un moment de faiblesse, j’ai déjà eu des
pensées peu recommandables qui exprimaient assez grossièrement mon point de vue
sur votre méthode commerciale appliquée à vos plus anciens abonnés.
Je comprends qu’engoncé sur votre chaise à roulette et devant
votre fade écran, vous preniez un plaisir à la frontière du sadisme gratuit à
maltraiter votre gagne pain, tout persuadé que vous êtes, de récupérer votre
chèque en fin de mois.
Voilà notre société actuelle remplie de ces gens qui ne savent
plus pourquoi ils travaillent et se repaissent en attendant l’inéluctable.
Cependant, vous n’êtes pas de mauvais bougres, je le sens.
Aussi, avant que l’idée me prenne de faire suivre mes
réclamations dans vos alentours (je n’aime pas en arriver là, je suis dans l’utopie
de penser que vous êtes raisonnable), je vous remercie d’avance pour toutes les
actions positives que vous pourriez faire à mon égard.
Mes salutations toujours aussi respectueuses bien qu’agacées.
Toujours le même abonné.