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Le Bar Nabé
7 novembre 2005

Feux de camps (2)

Suite de (si vous le voulez bien).

Rétablir l’ordre, voilà qui est une bonne idée.
Consensuelle et générale quelle que soient les couleurs. 

Je suis curieux de connaître ce qui fera revenir les « sauvageons » dans le droit chemin. Permettez moi d’utiliser le terme ‘sauvageons’ puisque d’autres personnes élues démocratiquement l’ont utilisé avant moi.
Certes, j’aurais pu dire ‘voyous’. Mais là aussi, le mot est largement usité.
Effectivement, il y a des termes à ne pas utiliser pour ne pas choquer les susceptibilités.
Et les susceptibilités des rues sont tellement exacerbées actuellement que prendre la photo d’un lampadaire dans une rue commerçante ou discuter contre la grille de sa résidence sont deux agissements provocateurs et punissables de mort. 

Alors, peut-être le gouvernement d’aujourd’hui, qui n’a que trop tardé, va surmultiplier les moyens d’intervention, pour ne pas dire répressifs ou bien va instaurer un couvre-feu banlieusard.
Ce serait justice rendue puisque le couvre-feu existe déjà dans ces zones depuis des lustres, mais imposé par les sauvageons eux-mêmes vis-à-vis du reste de la population urbaine.

Peut-être aussi les gouvernements qui n’ont que trop joué aux autruches depuis 40 ans seront d’accord pour faire intervenir notre belle armée de métier qui parcourront les allées des tours avec leurs chars de chez Leclerc et seront assistés par des Rafales fringants.
Est-ce le canal de l’Ourcq peut amener le porte-avions Charles de Gaulle au cœur du 9-3 ? 

Enfin, peu importe.
C’est choquant de dire ‘peu importe les moyens’ ?
Ce qui est attendu, ce sont les prochaines bavures policières. Elles seront montées au créneau pendant que l’on étouffe les bavures des sauvageons. Enfin, dans ce dernier cas, j’appellerai cela ouvertement « meurtre de sang froid avec préméditation ». 

Tout le monde est d’accord pour dire que tout cela n’a que trop duré et que le jeu médiatique associé à la compétition des banlieues doit cesser ?
Les limites des bornes sont dépassées et je ne crois absolument plus aux compréhensives circonstances atténuantes de ces pov’chéris, qui, comprenons nous, vivent dans le chômage, la pauvreté, le racisme, la ségrégation raciale et sont abandonnés de tout suivi parentale depuis leurs premières heures de braillements.
Plus aujourd’hui. Pas après toutes ses conneries.

La République se doit de rétablir l’ordre. Ce n’est fasciste d’énoncer cela ? Tout du moins, ça l’est moins que de ne pas pouvoir circuler à 10 pas de l’usine qui m’emploie la journée sans risque et de craindre pour sa vie dès la nuit tombée et que de voir les écoles, les gymnases et les locaux associatifs s’enflammer. 

Serait-ce être petit bourgeois de penser cela ?
Ne mélangeons pas tout.
Ai-je le droit d’ouvrir ma gueule en parlant de ras-le-bol lorsque je me suis expatrié volontairement à 35 km de Notre-Dame malgré mon origine du 9-3, bien que plus favorisée que celle des tours des cités.

 

Si je considère avoir vécu dans un milieu favorisé, c’est uniquement grâce à mes parents.
Ils sont partis de rien dans les années 60, ma mère est issue de l’émigration italienne d’après guerre, ils n’avaient que leurs propres éducations parentales pour construire leur foyer. Ils étaient à la juste limite de l’endettement maximum au moment d’acheter un bien qu’ils ne souhaiteraient pas voir saccager aujourd’hui, toujours en bas de la côte de Clichy, à 4 km des premiers feux.

Après, ce fut cours du soir pour mon père, heures supplémentaires et je ne l’aurais pas vu énormément pendant ma jeunesse. Ma mère aura connu le chômage de l’arrêt de son usine avant de faire le choix de s’occuper de ses enfants.
Ils auront accompagné leurs parents jusqu’au bout, ainsi que leurs enfants.
En cela, je considère avoir été favorisé.
J’ai appris la valeur des choses jusqu’à mon premier salaire acquis sur les marchés à 5 heures du matin.
Je pouvais vivre chez mes parents jusqu’à mon premier CDI, sans soucis.
Mais les règles étaient différentes à partir de 16 ans. A cet âge là, je devais travailler pendant les vacances, faire n’importe quoi si je voulais m’acheter mon premier lecteur de cd ou ensuite partir en vacances sans eux.
Autour de moi, mes amis connaissaient la même éducation à quelques variantes près.
Il y avait toujours mieux, des habits de marques chez certains, une moto 50cm3 et il y avait pire chez d’autres mais nous étions liés par un respect mutuel minimum.

Et je ne suis pas à plaindre.
J’ai un nom à consonance française. Est-ce l’essentiel finalement aujourd’hui ? Alors que les médias nous ressortent tous les reportages de ces jeunes des cités ayant réussis ? Eux aussi. Qui répètent à l’unisson l’importance de leurs parents.
Oui, c’est plus facile de s’appeler Dupont. Et après ? On s’arrête à cette constatation ?

On pourrait, c'est facile de dire tout cela quand on s'appelle Dupont.

L’Etat français a raté une ou deux générations après avoir construit les tours pour isoler les communistes dans les années 60. En pleine guerre froide, Coty, De Gaulle voulaient savoir où étaient les communistes, bien avant la fin de l’Algérie française. D’où ces Habitations à Loyer Modérés pour parquer une catégorie de personnes.
L’Etat français a raté l’intégration des populations coloniales (choquant n’est-ce pas ?).
Puisque nous portons encore aujourd’hui la culpabilité des ces actes, il serait temps de tenter un mea culpa suivi de gestes forts sur du long terme (comprendre, plus d’un ou deux mandats présidentiels). 

Mais la sécurité doit être rétablie avant tout.
Si aucune solution n’est trouvée, j’ai une petite idée de ce que sera le second tour de 2007. Hésiter entre Le Pen et Sarkozy, ce serait gênant non ? 

Et malgré tout, le ministre de l’Intérieur ne doit pas démissionner car est-ce vraiment la destruction volontaire qui doit avoir le dernier mot ? C’est aussi particulier comme constatation. 

Note à ne pas oublier pour plus tard : une fois que l’ordre sera rétabli, faire penser à nos hommes politiques qu’il s’agit d’un sujet plus que sérieux et non pas une peau de banane pour 2007, qu’il ne s’agit plus d’un discours politique mais d’actes concrets à effectuer, que les fonds doivent être utilisés pour rénover les espaces de vie des cités (comprendre, détruire et reconstruire à échelle humaine) et non pas les utiliser pour financer les campagnes politiques dont tout le monde se fiche de plus en plus, qu’il faut changer le décor politique du pays en l’adaptant à sa population et plein d’autres choses gratifiantes. 

Le sujet étant délicat à traiter par l’écrit, connaissant mes facilités provocatrices, cyniques et ironiques, j’espère ne choquer personne. Je ne souhaiterai pas que ma Clio prenne feu accidentellement (flûte, voilà que je recommence).

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Commentaires
B
>Denis: Pas mieux !<br /> <br /> >Arthur: Effectivement, je ne suis pas sûr que Patience soit mère de sureté dans ces cas là.<br /> Bien qu'il faille réfléchir et peser ses mots.<br /> <br /> >réglissementhe: Je ne réfléchis pas trop vite, ça faisait 10 jours que ça avait commencé ! ;-)<br /> <br /> Il faut trouver ce projet à long terme qui donne l'espoir pendant qu'on reformatera l'urbanisation de ces zones.<br /> <br /> >Arthur & Réglissementhe: vous avez des blogs dans le coin ?
R
Arthur a raison. C'est pas facile. Et Barnabé réfléchit trop vite pour moi. J'en suis encore à son post précédent qu'il a déjà publié une nouvelle note :-) Pourtant un compromis vivable, il doit bien y avoir moyen d'en trouver un, ya pas le choix de toute façon... Un truc a minima où tout le monde se retrouve sur une base commune, quelques images fortes, que sais-je, faut neuroner un max sur c't'affaire et pas se précipiter, éreintant... Ben oui... Faut que je réfléchisse bcp parce que chuis lent d'esprit, j'suis plutôt diesel côté haut du crâne... Mais ya un truc à faire, si. Allez, barnabé postera bien pour nous en attendant (ya mon perroquet sur l'épaule qui me crie T'es gonflé t'es gonflé) Moi j'aurai un post tout prêt dans une semaine au pire bref quand tout le monde sera passé à autre chose mais j'ai l'habitude. Heureusement que je suis pas journaliste ! bonne journée
A
La temporisation et le silence, c'est bien aussi comme 'solution immédiate' pour passer le plus difficile de ces nuits agitées, non ? Ca se défend? Tant de bruit, signe de sensibilité et d'intelligence si nous voulons, certes, permet de passer un peu de pommade aussi, à tous, je l'avoue, c'est mais casse-gueule en même temps, pour le moral, le courage à bien faire et bien réfléchir, correctement sentir sans plonger aussitôt dans une impasse... Nos politiques devraient en prendre eux aussi de la graine, plutôt que de réfléchir à des compromis subtils et complexes (...comme je le fais pour eux depuis trois heures en vue d'un post...), compromis qui seront insatisfaisants toujours et durables pas si sûrs, d'où crise nouvelle, ou malaise accru, désespoir de nos banlieues...
D
Tout a fait d'accord avec Bar nbé, pas besoi de savoir lire et écrire pour s'occuper des enfants, on peut discuter avec les enseignants, les surveiller, ne pas les laisser trainer dans a rue.<br /> Il y a plein de choses que l'on peut faire avec de l'amour et de l'attention.<br /> Ensuite je connais des gens issuent de familles dévavorisées mais bien élevés qui ont trouvé un boulot.<br /> Suffit de s'exprimer correctement.
B
>Nathalie: ouh là ! En parlant d'intelligence de ma part, tu t'avances beaucoup, les apparences sont souvent trompeuses !<br /> ;-)<br /> <br /> >Sam': Le fil rouge sur le bouton bleu, le fil vert sur le bouton jaune.<br /> <br /> >Antonomase: J'admets le ras-le-bol, pas forcément les méthodes. Va expliquer cela aux familles des victimes. Cependant, l'Etat n'a pas non plus les bonnes méthodes ni le bon exemple alors...
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