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Le Bar Nabé
8 décembre 2005

Et crie donc si tu ne peux pas faire autrement

J’ai arrêté d’écrire. 

Il y a une époque, que les moins de six ou sept ans ne peuvent pas connaître, où j’écrivais des lettres.
Pendant les vacances, je prenais mon stylo avec plaisir et envie et je remplissais une bonne carte postale que j’accompagnais souvent d’une ou deux feuilles de papier trouvées dans un calepin, un cahier traînant, un ticket de caisse…
J’écrivais tout et n’importe quoi lorsque je racontais mes semaines ailleurs.
Je me rappelle de certaines innommables diatribes qui déliraient et m’auto-satisfaisaient. Je racontais des romans à partir d’anecdotes banales, j’usais de jeux de mots usés, je tentais des styles.
Ces lettres partaient pour quelques amis. De ceux à qui je n’aurais écrit qu’une seule lettre à ceux avec lesquels je continue de correspondre aujourd’hui, bien que par politesse. 

En retour, j’avais trois mots sur une autre carte postale.
Beau temps, chouette, bientôt fini. Cela voulait dire cela.
Quelque fois je tombais sur une autre lettre qui me mettait en concurrence et à laquelle je n’hésitais pas à répondre tout en surenchérissant d’humour qui ne faisait rire que son auteur.
Il est des gens dont l’écriture simple n’est pas un plaisir.
Il est des gens qui ne font pas de blog (si, si). 

J’ai envoyé tant de mots qui ont disparu aujourd’hui.
J’aimerai les relire, juste pour savoir ce que je disais. Juste par curiosité.
Je me rappelle qu’il y avait des sentiments dans ces lettres. Je n’ai rien ou presque à lire en retour. A croire que mes messages étaient postés dans des bouteilles. 

Certains de ceux qui recevaient me demandaient comment. Je disais je ne sais pas, c’est comme ça. 

J’en ai retrouvé certaines dont j’ai aujourd’hui une autre lecture. Des phrases apparaissent avec une telle évidence alors que je les avais parcouru en courant avant. Inattentif et naïf que je suis.
Ma boite à chaussures n’est pas aussi pleine qu’elle aurait pu l’être.
Désormais, cette écriture est devenue difficile, hésitante. On ne se livre pas aussi facilement qu’avant.
Le courrier des vacances est devenu corvée.
J’ai arrêté d’écrire. 

 

J’écris tous les jours ou presque.

Il y a des mots qui me viennent, différents d’avant, des phrases que je n’aurai osé écrire avant.
Il n’y a pas de mérite à cela.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je le fais. Il y a des personnes qui ne le sauront jamais –il ne faut jamais dire jamais-.
On dit c’était mieux avant. Cela dépend. Comme d’habitude. 

Une seule chose n’a pas changé. J’écris toujours pour la même personne.

Inspiration: Cette belle note.

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Commentaires
A
C'est marrant, ça, moi ma boîte à chaussures est pleine... et ça fait des années que je n'ai plus vraiment écrit aux gens que j'aime. Vraiment, ce devrait être une bonne résolution 2006, ça !<br /> Merci pour l'idée, mais continue de nous régaler ici !
A
C'est drôle, suis tombée il y a peu sur la boîte à chaussures... c'est vrai qu'on s'écrivait beaucoup, pendant les vacances ! Des longues lettres, avec des tas de choses dedans.<br /> <br /> J'écris bueacoup moins, aussi, mais il est quelques malheureux qui parfois doivent encore se cogner mes hiéroglyphes. Parce que le glissement de mon stylo plume sur le papier leur chuchote encore d'autres choses qu'ils n'entendent sans doute pas...<br /> <br /> Bien joli note, cher Barnabé.
4
Il est des lettres auxquelles je n'ai pas répondu, d'autres que je n'aurais pas dû écrire. <br /> Je correspondais avec un ancien prof de gym, de mon école primaire. Un cas plutôt particulier, certes, une relation ambigüe de père de famille à jeune adolescente. J'ai été la dernière à envoyer une lettre. Je regrette un peu, j'aurais voulu savoir ce que les choses étaient devenues pour lui. Mais je me suis dit qu'il y avait une raison, ou pas.<br /> Va savoir si tes correspondants ne gardent pas certaines de tes lettres en se disant des phrases silencieuses pleines de "ah si ..."<br /> Quoiqu'il en soit, dommage pour eux.<br /> Ou tant pire, selon les cas.
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