Noyé dans le verre
Je n’ai même plus envie de râler contre l’actualité.
Je regarde le JT avec cet air bovin bien de chez nous. Les catastrophes s’enchaînent
mais ce sont toujours les mêmes. Les mêmes qui meurent d’ailleurs.
Et à côté, toujours les mêmes qui courent après le
pouvoir.
C’est identique partout, même à deux pas de mon
bureau. Je ne suis pas comme eux. J’ai tendance à être bête, à attendre d’être
récompensé et reconnu pour mon travail.
Qui plus est, j’essaye de ne pas tomber dans le jeu
de la politique d’influence. Je m’en fiche, quel que soit le patron, je fais
mon travail. Point. Je ne pars que lorsque mes tâches contredisent mon fond
intérieur.
Je constate les inégalités et les injustices mais
ne luttent pas vraiment contre puisque ma
situation en dépend. Je ne suis pas pire qu’un autre.
Je suis peut-être comme eux alors. Qui ne dit pas
non dit oui, c’est basique, binaire.
Et il faudrait que je choisisse un camp au lieu de jouer
au funambule, ça ne m’intéresse pas.
Je sais que je ne gagnerai rien. Je regarde faire,
j’assiste à la transformation d’une institution en machine économique. Je ne
sais même pas ce qui est bien ou non puisque la conclusion se tirera dans
quelques années.
J’ai l’impression d’appartenir à la chanson de
Dutronc qui retourne sa veste.
A côté de cela, être exploité en étant sous employé
devient un paradoxe.
Curieuse situation qui pourtant, n’est pas plaidable.
J’ai ce petit ver qui taraude ma conscience.