ça m'suffit
Connaissez-vous Sam ? (En langage djeunz : C Ki Sam ?)
Je l’ai rencontré il y a peu. C’est un gars sympa, Sam. Un vrai
boute-en-train, un gars bien, responsable.
Avec lui, la fête est plus folle, Sam c’est le gars qui ne boit
pas. C’est celui qui ramène des épaves abruties par l’alcool et le boum-boum
des soirées.
Je peux en parler, cela m’est arrivé d’appartenir à la
catégorie épave.
Avant l’acquisition de ma première voiture, il y eu quelques fêtes
–boums nettement améliorées- auxquelles je rentrais sur mes pieds, claudiquant
de gauche à droite en profitant de l’air de la nuit. Ou alors, l’heure
du retour était tellement matinale –bigre, j’étais jeune- que j’avais eu le
temps de désaouler.
Ensuite, le véhicule aurait du changer la donne.
Boite ou soirées ‘privées’ « correctement » arrosées qui
se terminaient avec l’humour de rigueur :
- ça va, tu peux rentrer ?
- t’inquiète pas, la voiture connaît le chemin.
Je me suis toujours demandé quel impact, une nouvelle idée ou
une nouvelle campagne de la sécurité routière pouvait avoir sur ces 18-25 ans
qui sortaient en boites pour s’éclater sur une piste de danse illuminée puis
sur un platane.
Le fait est que ma R4 de course m’a toujours ramené à bon port,
ainsi que les voitures des autres amis. Pas d’accident navrant autour de moi
qui puisse me balancer en pleine gueule ces comportements à risques. A 20 ans,
nous sommes plus forts que tout, nous ne doutons de rien. Comment nous faire
entendre raison ?
Nous aurions rigolé avec Sam. Sam n’existait d’ailleurs. Ou à
peine. Nous finissions la soirée à 1g au lieu de 1,5 ou 2. Enfin, j’imagine. C’était
ça être responsable, c’était penser s’arrêter au dernier verre au moment où c’était
déjà trop tard.
C’était con mais c’était comme ça. Ce n’était pas tous les
week-ends, seulement quelques fêtes par an mais largement suffisantes pour ne
pas rentrer en un seul morceau. Je n’étais pas le pire, je n’étais pas exemplaire.
C’était con comme ça l’est aujourd’hui pour ces jeunes qui
continuent de s’éclater. De plus en plus jeunes et de plus en plus vite.
Oh, je suis loin d’être irréprochable aujourd’hui mais j’ai été
guéri deux fois, l’une en trouvant une tendre épouse et l’autre en étant père, âge
aidant également.
Je n’avais donc pas la même responsabilité envers moi et mes
amis qu’envers ma famille actuellement.
Mais ces annonces, photos et films choc, ils n’écoutent pas beaucoup à 18 ans. Je loue les efforts de la Sécurité Routière avec cette impression bizarre qui me fait dire que jeunesse doit invariablement se passer, qu’il y a un pourcentage de perte au passage pour des accidents idiots et qu’on ne peut fatalement rien y faire.
Statistiquement, il y a le facteur chance. Mais la chance… c’est
uniquement ce qui sépare la fausse impression responsable de la culpabilité
tardive.
C’est étrange ce mot ‘responsabilité’, il y a deux lectures.
Et soudainement, l’intitulé de ce blog doit sembler idiot pour ceux qui n’ont pas eu de chance. Jusqu’à maintenant.