Le vol de l'Ange
Je ne le connaissais ni de près ni de loin, tout juste ai-je
pioché quelques informations à chacun de ses derniers records.
Angelo D’Arrigo est peut-être mort tel qu’il l’aurait voulu.
Adepte des sports extrêmes, de la compétition en vol libre et
ULM, il s’était reconverti pour la Nature. Il a traversé déserts et montagnes comme
un nouvel aventurier, il a été le premier à survoler le toit du Monde, il a
décidé de partager un bout de ciel avec les grands oiseaux planeurs.
Il s’est planté le 26 mars dernier, sûrement par la faute à pas
de chance, alors qu’il n’était même pas sur le fil d’un exploit.
C’est con de dire que c’est beau de mourir passionné. C’est tout aussi moche. Peut-être plus, allez savoir.
Entre deux manifs contre le CPE, les résultats de foot du
week-end et les restes de grippe aviaire, sa disparition a été annoncée le
temps d’une pub pour un déodorant. Je me suis dit : « Ah merde,
c’est con ». Parce que ce qu’il véhiculait à 9000 mètres pouvait
nous donner plus d’espoirs que le vol de pavés parisien. C’est idiot.
Il y a des Morts qui m’attristent plus que d’autres, certaines
que j’aurais voulu remplacer par d’autres.