Stage hier
Je me rappelle d’un temps où j’étais stagiaire alterné pour pas
un kopek pendant six mois et où mon investissement personnel (supérieur aux CDI
de la société) m’a permis de commencer dans la vie active sérieusement.
Plus récemment, je me suis fondu dans la peau du recruteur (c’est
plus confortable).
Mon expérience personnelle m’a poussée à construire une mission
intéressante (tant qu’à faire) et c’est non sans une grande joie et avec un
optimisme démesurément naïf que je mettais l’offre en ligne sur beaucoup de
sites spécialisés et quelques écoles, IUT et organismes. Quelle peur avais-je de
me trouver envahi d’offres ! Mais que nenni, il faut savoir donner une
chance à un inconnu, même sans lui offrir des fleurs parce que je ne le croise
pas dans la rue.
C’est ainsi qu’après plus d’un mois et deux relances, je reçus moult
CVs et plus précisément, en fait, 5. Diantre, quelle folie ! Je décidai de
rencontrer la foule jeune et avide de travailler et de se mêler à l’univers
professionnel dans le but de se lancer dans une carrière folle.
Le premier stagiaire ne correspondait pas et sa méthode d’approche
était plus envahissante que volontaire.
Le second était seconde mais avait répondu à l’offre par défaut
et ses souhaits professionnels n’avaient rien à voir.
Le troisième était propre sur lui et bien sympathique mais
refusa avec politesse car, malgré tout l’intérêt que comportait mon offre, celle-ci
ne s’inscrivait pas en totalité dans son plan de carrière international. Il me
souhaita bonne chance dans mes recherches en me remerciant. J’eu, l’espace d’un
instant, l’impression d’avoir postuler moi-même et d’être renvoyé dans mes 22. Ah
ils sont forts ces petits futurs jeunes cadres dynamiques !
Le quatrième est moins propre sur lui (je m’en contentais) mais
considéra, après j’eusse été obligé de le rappeler deux fois pour avoir une
réponse, que le stage n’était pas assez rémunéré. Il est vrai qu’il s’agit d’un
certain pourcentage du SMIC et non pas sa totalité avec primes, dédommagements,
voitures de fonction et ticket repas (apéritif offert par la maison). Je
pensais subitement que mon acceptation de stage 9 ans auparavant était une
hérésie sociale et ce ne fut que d’un poil que je ne me suicidai pas par traumatisme.
Le cinquième prit rendez-vous, eu des problèmes avec sa
messagerie Hotmail, m’interpella par mon prénom malgré le fait que, même n’ayant
pas gardé les marcassins ensemble, il ne me semblait pas le connaître. Je sais,
je suis rétrograde dans mon approche de la politesse et du premier contact
professionnel. Je me remets en cause depuis en me disant que certaines attachés
commerciales pourraient être accueillies avec un peu plus de chaleur humaine.
C’était lundi dernier, à 16h30. Je suis peut-être fou mais je l’attends
toujours. J’espère nerveusement un appel de sa part pour qu’il m’explique
pourquoi il ne s’est pas présenté. Peut-être a-t-il été attaqué par un rennes
dans le métro, c’est méchant les rennes vous savez. Je m’inquiète donc pour ce
petit con (c’est affectif).
Alors évidemment, en pleine torture mentale du CPE et de la
révolte des jeunes pour l’emploi que la société leur promet (avec l’apéritif
aussi), comprenez ma circonspection sur la volonté de quelques uns à sortir du
cocon protecteur et fainéant de leur fin d’adolescence.
Comme je persévère, j’ai de nouveau contacté d’autres écoles. Je
suis déraisonnable, sans doute.
(ok, ok, vous noterez que je ne fais pas de généralités)