web v2.006 (4)
L’évènement du web.
Tous les ans, il y a l’évènement du web, celui dont l’histoire ne lui ressemble même plus dix ans après. Parce que vous savez, les bonnes histoires, ça se raconte tellement, ça se peaufine, se travaille, ça s’anecdotise, et plus les versions s’empilent, plus la truculence s’étend.
Sauf que cette année, je ne vois pas. Vous ai-je dit que le
temps a été pourri ? Ce n’est pas un évènement ça.
Cela aurait pu être le France – Mexique vu au pub et les mains
dans les moules. Euh bon, j’en parlerai peut-être plus tard.
Ou alors la compèt’ improvisée de kart ? Improvisée parce
que nous étions partis cœurs au vent pour faire du char à voile, puis pour l’Aquaclub,
ensuite pour un foot sur la plage pour finir le long d’une promenade digestive sur
la jetée du Berck. En fin de compte, trop
de vent pour l’un, cristaux de sable glacés pour l’autre, trop tard pour le
troisième, trop fainéant pour le suivant, donc, nous avons fini dans une
tondeuse à gazon bas du cul à 60
km/h sur du bitume.
Dingue quand même d’être quatrième aux qualifications puis septième en course ! Je dis que quelqu’un m’a trafiqué le bolide ! Donc, ce ne fut pas un évènement (mais nous avons bien rigolé quand même).
Je repense aux évènements références des années passées. Un
caleçon qui prend feu sur un lustre (que faisait-il là), les coups de soleil du
Mont St Michel, les sorties en boites (je passe un voile pudique sur ces
premières années de web), le concours de circonstances vomitoire … (je n’ai pas
le droit d’en parler). Ce n’est pas très élevé tout cela.
Peut-être quelque chose. Il y a sans doute le film de ce gars
qu’on croyait bien connaître depuis trente ans et qui nous dit fièrement ne pas
avoir envie de dormir à 5h, qui s’en va aux toilettes philosopher.
« Est-ce que ça vous choquerait si vous me voyiez un jour dans
un film p0rn0 ? » Qu’y dit. Le gars.
A 5h. Le gars. Dans les toilettes. Le gars.
Y’a des choses qu’il ne faut dire quand même. A 5h. Dans des
toilettes. Pour le gars.
Nous essuyions à peine nos larmes de rire et calmions nos
tressautements respectifs dans nos duvets que le gars en remet une couche. Qu’y
dit qu’il est sérieux en plus.
Et là, subitement, je me demande si ce gars, calme, déjà
calvitiant, n’avait pas une face cachée. Genre il nous aurait dit que c’était
un serial killer de professeurs d’anglais. Et si c’était vrai ? Et si,
malgré son air de rien, son fiston pas encore entré à l’école, sa petite femme
et sa maison en banlieue Est, son boulot de pas complètement fonctionnaire mais
presque, sa timidité intrinsèque, sa politesse et son éducation irréprochable (malgré
une légère tendance à la bordélisation ambiante), malgré tout cela, ce serait
un Rocco Zorro, un étalon masqué pour qui le surnom MD10* serait une couverture,
une bète de s-xe, un animal sans tabou ?
Un bout de Monde s’écroule et je m’interroge un court instant sur
ce gars avec lequel nous avons usé nos pantalons velours sur des bancs d’église.
Il a réussi à tenir son sérieux implacable.
Bon, juste après, pour ne pas trop réfléchir, on l’a attrapé et
mis à poil afin qu’il tourne ses premiers rushs**.
Faut pas déconner quand même.
A 5h, on dort et demain y’a foot.
* Moins De 10 minutes
** Une étude est en cours pour connaître le nombre maximum de vodka-caramel absorbables avant la constatation de dégâts irrémédiables.