Kronique N°15 - Le chant du coq
Normalement, les hymnes représentent quelque chose pour les
joueurs et les supporters. L’impression est peut-être fausse (je ne me rappelle
pas si Kopa ou Platoche chantaient la Marseillaise) mais plus les années passent et
plus les représentants sportifs de la nation restent muets pendant l’orchestre.
Les esprits chagrins y verraient des interprétations douteuses
et sans doute fausses concernant le patriotisme et la motivation des joueurs.
Peut-être se savent-ils mauvais chanteurs, mais si cela est
vrai, pourquoi Thuram continuerait-il d’y aller de ses cordes vocales ? Je
l’aime bien Thuram, il a quelque chose en lui de propre.
Chaque joueur doit avoir sa raison de chanter ou non mais
doit-on leur réclamer pour autant ?
Il parait que le Sénat a discuté d’une réforme de l’hymne
national au début de l’année. Les paroles révolutionnaires paraîtraient en
décalage avec la situation de notre pays.
Il est vrai que le chant est guerrier mais il est idéal pour
soulever les troupes, quelles soient sportives ou non. A moins que le français
moyen, à l’écoute de son hymne, soit pris d’une soudaine envie d’envahir la Belgique ou la perfide Albion.
Le français moyen serait donc dénué de second degré dans l’analyse des paroles ?
La
Marseillaise devrait apporter un message de paix. Certes et
puis quoi ?
Nous nierons alors le patrimoine national et ce qui est un des
monuments culturels de notre pays.
A côté de cela, il est maintenant question de punir ceux qui ne
respecteraient pas l’hymne symbolique. Tout est bien contradictoire pour des
élus du peuple descendant de la Révolution.
Tout est bon pour oublier notre Histoire dans le pays des
Droits de l’Homme.
Bref, pour ma part, cet hymne fait aussi un peu partie de moi et de ma culture. J’y tiens simplement comme un repère acquis. Et s’il ne devait qu’être qu’un argument de fierté pour le port du maillot bleu, ce serait déjà ça.
Demain, il va peut-être falloir s’inspirer d’une envie du 18ème
siècle pour faire bouger les choses établies sur les papiers Q des médias
français. L’union sacrée autour d’un symbole pour faire comprendre aux coréens
d’abord, aux togolais ensuite puis aux autres pays rencontrés que leurs sueurs
ira abreuver les pelouses allemandes.
J’ai souvent eu l’impression que le patriotisme positif
français n’existait pas, ou tout du moins brillait plus dans la victoire que
dans la difficulté.
Tout cela pour dire que je n’aurais pas aimé être le tympan de
la petite voisine de fiston lorsqu’il braillait lors du spectacle de fin d’année
d’hier.
De plus ses mouvements de bras arythmiques pourraient effrayer
des hordes de coréens.
Et si je faisais chanter le loup, le renard et la belette par
ma fille face aux togolais, j’en connais beaucoup qui retourneraient de suite dans
les vestiaires. Lorsque mes enfants chantent, il y a des cordes vocales qui ne sont pas fières.