Oléron dans l'eau (3)
L’orage gronde au dehors, la pluie tombe, nous attendons le
frais, à 4h du matin en faisant la planche sur le matelas.
Moi : pfff, hi hi
Elle : pourquoi tu rigoles ?
- Je repense à mes parents une nuit d’orage alors que nous
étions dans nos canadiennes (les tentes, merci),
- Et ?
- J’ai la vision de mon père, en pyjama (c’était terrible ces
pyjamas) avec un parapluie et une lampe torche traversant le terrain sous la
pluie pour nous demander si on allait bien.
Ma mère l’avait tellement seriner en s’inquiétant de notre sort
qu’il avait craqué.
- ça ne m’étonne pas de ta mère !
- Nous, bien sûr, on ne dormait pas avec tout ce bazar, ça
fuyait dans chacune des tentes, on cherchait les fuites avec nos lampes. J’ai
vu mon père, on a rigolé et il est revenu avec des casseroles. Notre fierté,
malgré la mère qui râlait, devait nous faire tenir dans l’adversité d’un milieu
hostile.
- J’imagine très bien la tête de ton père.
- D’ailleurs, quand j’y pense, c’est curieux, j’ai toujours eu
des tentes qui fuient.
- parce que ta mère passait les toiles à la machine à
laver ?!
- oui, sans doute, ça doit être ça. Remarque, tu peux parler,
tu passes bien les anoraks des enfants à la machine !
- Et comment tu veux les nettoyer ?
- Avec une brosse et tu frottes. Pourquoi ?
- Mais ils sont toujours imperméables les vêtements maintenant
de toute façon.
- Alors pourquoi ils vendent des sprays pour refaire
l’imperméabilité ?
- Non, tu confonds avec la bombe que j’ai pour les chaussures en
daim.
- En daim ? C’est idiot de refaire l’imperméabilité du
daim. T’as déjà vu un daim gonfler lorsqu’il pleuvait toi ?
L’orage s’est tu.
Moi aussi.
N’empêche que je n’ai jamais eu une tente étanche.