Lyon ne rimera pas avec champion
Pourquoi Lyon ne sera pas champion cette année et ne sera pas
le premier club d’un championnat européen majeur à remporter six titres
d’affilée ?
Si ce n’est la question, la réponse mérite d’être posée.
Il ne faut pas attendre la deuxième journée de championnat pour
aboutir à un argumentaire.
Toulouse était déjà venue la cession passée arracher également
un match nul à Gerland et l’OL a entamé la saison par une victoire intéressante
chez les canaris.
Petit a.
Lyon va subir cette délicate saison post-Mondial. Physiquement
et psychologiquement, les footballeurs ont beau être professionnels, ce sont
toutefois des humains n’étant pas à l’abri d’une baisse globale de régime (ou
de coups de tête).
Cela ne concerne que les internationaux, certes, mais Lyon a
désormais cette chance (c’est une chance d’avoir tant de joueurs à ce niveau)
que de compter sur une équipe compétitive sur le papier à qui on ne pourrait
opposer d’autres concurrents sur le sol national.
La force de Lyon est de ne jamais lâcher. Mais il y a de fortes
chances que Lyon lâche des points mentaux par ci par là en route pour tenir le
coup. Il s’agit donc de l’argumentaire humain. La motivation a ses limites,
constituées par le temps de digestion de la compétition majeure précédente.
Petit b1.
C’est flagrant depuis quelques années et la presse spécialisée
en profite alors pour souligner la baisse de qualité de la Ligue 1 : les promus
représentent de très bonnes oppositions. Voyez Le Mans, Troyes et Nancy l’an passé qui ont envoyé Metz,
Strasbourg et Ajaccio à l’étage du dessous. Les divisions inférieures sont
désormais remplies d’équipes tout à fait qualitatives. Les « petits »
clubs peuvent aller chercher facilement de bons joueurs à l’étranger si la
manne française est jugée insuffisante ou surtout trop chère. Les effectifs de
Ligue 2 comportent de bons joueurs aguerris aux joutes physiques et tactiques.
Petit b2.
Malgré le résultat exceptionnel de Lyon l’an passé avec ses
points d’avance, son total record de points général, je place cette performance
sur un accident de parcours des autres concurrents (argument, je le conçois,
osé).
Donc (b1+b2), l’OL aura cette année des équipes encore moins
respectueuses face à elle et encore plus difficiles à vaincre, comme les
joueurs lyonnais ne manquent de le préciser.
Il s’agit de l’argument sur l’opposition.
Quels sont les concurrents ? Bordeaux, Lille, Monaco,
Paris, Marseille et les outsiders, Lens, Auxerre… Comme d’habitude.
Bordeaux me semble extrêmement solide. Paris et Marseille
peuvent être amusants si leurs bonnes périodes sont plus longues que leurs
moments farfelus de gestion d’une saison.
Lille a toujours cette bonne tête de second valeureux.
Monaco n’a pas un effectif impressionnant mais ne joue pas de
coupe européenne.
Je mise sur Bordeaux.
Petit c.
Lyon devra une nouvelle fois équilibrer ses efforts avec la
riche Ligue des Champions. Ils n’ont plus ce choix de se satisfaire d’un quart
de finale. La reconnaissance nationale passe par une épopée formidable à
l’image d’un Monaco de 2003 ou des vieilles victoires du siècle dernier.
Jean-Michel Aulas ne préfèrerait-il pas, malgré les déclarations de son
entraîneur, une victoire en C1 plutôt qu’un sixième titre ? La saison est
risquée à plus d’un titre ( !).
Argument lié à la gestion des compétitions (réchauffé de l’an
passé, je l’avoue).
Petit d.
Enfin, il y a le cas de l’omniprésent président de l’OL,
Jean-Michel Aulas. Depuis Bernard Tapie (notez la judicieuse comparaison),
aucun président de club n’a jamais été aussi loquace.
Avec l’appui du G14, il faut faire reconnaître le statut de
salarié des joueurs retenus en sélection nationale pour obtenir une
compensation financière (affaire Abidal).
Avec l’excellente performance de ses joueurs en Allemagne, il
faut décaler la date de reprise du championnat (qu’il avait validé auparavant)
pour son équipe handicapée des internationaux (mais qui gagne ses deux premiers
matchs quand même).
Avec ses relations, il faut faire pression sur les joueurs pour
déstabiliser les équipes adverses (Pauleta le parisien qui a revalorisé son
salaire comme il ne l’aurait jamais espérer, Ribéry la girouette d’un agent qui
n’a plus que des euros en tête). JMA, de part sa situation à la Ligue, intervient beaucoup
(trop ?). Sa trajectoire fait de plus en plus penser à celle de prédécesseurs
moins discrets en affaires.
L’histoire du championnat de France a toujours fait succéder de
mauvaises chutes à des destins fastes (St Etienne, Marseille…).
Argument limite car tendancieux.
Petit e (e comme erroné)
Que JMA continue de faire de son entreprise une bénéficiaire
est tout ce qui est souhaitable pour le football hexagonal.
Cependant, pour que d’autres clubs relèvent sur le long terme
le niveau français par rapport à ses voisins proches, il faut que Lyon laisse
place au moins une année sur deux. Reste à Bordeaux et consorts de construire
une stabilité à l’image de l’Olympique Lyonnais.
Argument subjectif mais objectif pour le football français.
Irrecevable car il ne faut pas confondre : Lyon ne devrait pas remporter
le championnat avec Lyon pourrait ne pas remporter le championnat.
Au bout du compte, Lyon pourrait quand même remporter ce sixième titre de suite. Faites vos jeux.