L'aile de la tentation
Reçu à 7h30 un appel de poteaux hilares et beuglants.
A l’heure où leurs habitudes les laissent encore au lit, ce
téléphone qui sonne avec ces braillements au bout du fil n’avaient qu’une seule
signification.
Eux (3 gars, 1 fille) : allo ?
Moi : ouais
Eux, en chœur, répétant mon ouais
avec l’imitation moyenne d’un grognement de grizzli au fond d’une grotte après
hibernation.
Moi : Oui ? (voix plus éclaircie)
Eux : ça va ? T’es où, on t’attend !
Moi : Je prends mon petit-déjeuner.
Eux : bah alors qu’est-ce tu fous ?
Moi : Vous, vous ne vous êtes pas couchés et vous sortez
de boite !
Eux, simple réponse de rires gras et multiples.
Moi : ça va ?
Eux : Oh tu devrais être là, c’est beau Biarritz, il fait
beau, la corniche, tout, allez viens.
Moi : Hé oh, c’est la peine de gueuler, je vous entends
bien.
Eux : On sort de boite, c’est cool. Bon alors, tu te
ramènes ?
Moi : Je bosse.
Eux : Bon, on vient d’avoir Rico, vous vous préparez pour
le prochain week-end. Il fait chauffer la Mégane et hop en route, on vous
attend.
Moi :… peux pas.
Eux : allez, vas-y !
Moi : non.
S’en suit une discussion sur les beautés du Pays Basque entrecoupée
de termes que la décence bla bla ici.
Sur la troupe historique de 7 gars trentenaires, sauf celui qui
est prof de bio (pauvre France, mes enfants), ceux qui ont pris cette quinzaine
dans le Sud-Ouest sont dégagés des obligations familiales (ou presque, enfin, c’est
un peu complexe).
Les trois autres ont cette sorte de résistance étrange à la
tentation.
Ça ne vient pas de l’éducation, nous avons la même à quelques
virgules près, ça viendrait de la situation familiale, mais un RTT ajouté à une
négociation gouvernementale avec la mère des enfants sont toujours possibles
(nous faisons intervenir la Finul pour la garde des biens).
Nous avons des raisons qui se défendent difficilement face aux
tentateurs. Ces justifications tendent aux frontières du mot ‘raisonnable’.
Ou du mot rock’n’roll.
Un coup d’aile ou un coup d’elle ?
PS : Connaissant Elle, je sais qu’elle sait que je ne dois pas me servir d’elle comme excuse.