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Lorsque j’étais petit, lorsque septembre sonnait, le rythme de l’école me portait en attendant les prochaines vacances.
Dans ces semaines de labeur heureux, il y avait des repères, la
demi-journée de sport (surtout lorsque ce n’était pas gymnastique), le samedi
midi du bifteck frittes, le mercredi après-midi, et le mardi soir.
Le mardi soir était ce soir de permission télévisuelle, ce soir
de la semaine où je pouvais, à partir de je ne sais plus quel âge d’ailleurs, regarder
le petit écran.
A cette époque du siècle dernier, le paysage audiovisuel n’était
pas celui-ci. Pas de M6, pas encore de Canal+ (1984, mais qui de toute façon,
était trop cher pour les principes familiaux), pas encore la5 (1985, qui
donnera le signal de l’ouverture à la série télé américaine).
Peu de chaînes sur le programme mais j’ai ce doux souvenir des
séances cinéma.
C’était Delon, Belmondo, les films d’aventures, Louis de Funès
et Bourvil, Fernandel, tous ces autres qui m’ont marqué moins hier qu’aujourd’hui,
avec leurs talents qu’on croit ne plus retrouver.
Le mardi soir, c’était permis, il y avait un petit choix mais
le choix était bon.
La série TV
n’existait pas vraiment, les émissions n’étaient que des Martin, Drucker, et
autres Sébastien de bazar.
L’exception culturelle française nous sautait aux yeux avec les
films en 35mm.
Les films américains étaient toujours des films à grand
spectacle ou des westerns.
Chaque mardi soir était une joie.
Aujourd’hui, tout est différent et les repères des chères têtes
blondes qui entrent à l’école ne sont plus ceux d’autrefois. Heureusement pour
eux, peut-être.
Voyons donc une photo de 8 jours de soirées (pardon, sauf Arte
et la cinquième) :
11 Série TV
5 téléfilms
3 films
6 magazines
2 soirées spectacle + 1 star academy
3 émissions téléréalité
1 soirée sport
Un bon tiers de Série TV à la française ou à l’américaine.
Peu ou pas de films, 2 sur France 3 qui continue de respecter
ses séances du mardi et du jeudi (même sans Eddy Mitchell) ainsi qu’un film de
12 zone sur M6.
Même le film du dimanche soir sur TF1 vient de disparaître.
Evidemment, nous allons dire que la qualité des Séries est
supérieure à celle des années 80 et surtout qu’elles ont cet avantage
indéniable de fidéliser le téléspectateur.
Elles coûtent moins cher en moyenne qu’un long métrage et donc
le financement est plus rentable.
Nous parlons donc de rentabilité dans ce paysage culturel où
désormais, ce sont les chaînes de télévision qui financent le cinéma (effet
pervers de la décision de Mitterrand avec la création d’une chaîne privée en 84
en contrepartie d’une participation obligatoire dans le cinéma).
L’exception culturelle part en friche avec le cinéma.
Ce ne sont pas les méthodes de Besson qui amélioreront la
situation.
Le sujet est vaste, et ce ne sont là que des clichés évidents.
La réflexion est en marche, le bilan en cours.
Dans quelques années, est-ce que fiston attendra avec impatience le film du mardi soir ?