L'embarras du vote
Vous avez déjà lu et analysé un programme d’homme politique
vous ?
Ou pire encore, l’avez vous cru en votre âme et inconscience ?
Bon, donc, vous pouvez, comme ça au feeling, sans trop d’à
priori (en fait avec beaucoup) choisir votre élu pour dans moins d’un an.
Il s’en suit, comme tout un chacun, une série de propos subjectivement fondés sur ce choix.
Il ne s’agit pas là d’avoir raison mais de se laisser aller.
Bon, Arlette, t’es gentille mais j’ai déjà voté une fois pour
toi comme un contestataire révolutionnaire que je ne suis pas et, juste
derrière, tu as traîné de ton croupion de nantie de convention collective des
banques pour t’opposer ouvertement au blond borgne sauvage. Je sais bien que tu
n’es pas avec Jean-Marie mais la question d’être avec ou non le Chirac ne se
posait pas là. Il suffisait de savoir dire merde aux cons.
Bon, Olivier, je ne peux pas. J’ai trop de soucis avec La Poste
pour te faire confiance. En plus, je vais payer mes impôts pour t’équiper de
nouveaux vélos à moteur et ça, ça m’enlève tout le charme de la postière aux
mollets galbés.
Bon, Jean-Marie, tu vois, en fait… en fait non, tu ne vois pas
et c’est là le problème.
Bon, Philippe, il y a comme un truc chez toi qui me dit que tu
pars de trop loin dans le temps pour en arriver là. T’es un gars anachronique.
Bon, fabulous fab’, tu es presque le pire des normaux. Je ne
comprends pas comment un moins de 40 ans pourrait voter pour toi, Laurent. Pour
un trentenaire ayant traversé les années Mitterrand, le vrai démarrage de la
capote et le scandale du sang contaminé, je ne peux à peine te regarder plus de
dix secondes sans zapper. J’ai bien des idées sur ta rose, ton mea culpa et ton
retournage de veste…
Bon, Lionel de Ré, finalement contraint par la force et
malheureux dans ton orgueil de ne pas pouvoir sauver la France, je n’aurai pas
voté pour toi. Je me serai sans aucun doute posé la question il y a 5 ans mais
là non, c’est une question de principe. Tu vois, Zidane est revenu parce qu’on
est venu le chercher. J’ai l’impression que tu gênais tes coéquipiers dans ce
match.
Bon, DSK, tu ne m’inspires pas confiance, c’est difficilement
explicable. Ta tête, tes cheveux ou ta femme mais il y a un truc. En plus, en
fait, je me demande toujours ce que tu fais là.
Bon, Jaaaaack, je ne peux pas, ce n’est pas très sérieux. L’image
de toi qui englue mes neurones se limite à deux choses (sans compter un
opportunisme et une démagogie à faire peur) : tes antécédents frileux de
ministre de l’Education Nationale et la fête de la Musique. Tu me diras,
la fête de Musique, c’est vraiment bat. C’est jeune, ça sent bon le sable
chaud. Mais les autres jours de l’année, je ne te vois absolument pas
représenter le pays. Un manque de carrure, un truc en moins ou en plus, enfin,
tu vois ce que je veux dire ?
Et maintenant que tu t’es sacrifié pour l’unité de gauche alors
que tu n’avais que la chance de te prendre une bonne fessée… hum, ce n’est pas
ce que tu cherchais dis donc ?
Bon, Jacques, ce ne serait pas une bonne idée de te relancer
contre le mur, la retraite, c’est une bonne idée. N’as-tu pas quelques comptes
bancaires à régler d’ailleurs ? D’autre part, je crois qu’on t’attend à la
sortie.
Bon, Nicolas, non pas toi, l’autre, celui qui fait rêver avec
des schuuuuuu des pschittttt des pfffffou avec d’autres schouuuuu quand il
survole le Monde ou traverse les océans. Hulot, en plus c’est un bon nom à la
Cousteau ou ce genre de truc. J’aimerai bien voter pour toi, juste pour le
plaisir. C’est comme arrêter son robinet quand on se lave les dents, c’est un
truc sympa pour la Terre et pour Elle, je te crois. Mais il y a tellement de
choses à côté, tu ne m’en veux pas ?
Bon, Dominique, tu es comme Nicolas, non pas encore toi Nico, toujours
le vert, mais malgré ton air sympa, tu serais déjà trop attaquée par les
méthodes politiciennes pour politiques.
Et puis ces petites gueguerres de pouvoir, ça gâche.
Bon, José, ah non, José, ça va bien, arrête déjà tes conneries
sinon tu vas rater l’autre campagne en passant du temps en taule.
Bon, Marie-George, le discours n’est plus très crédible. Enfin,
moi, je ne le crois pas. En plus, j’ai toujours l’impression de voir débarquer un
drapeau de la CGT derrière toi et ça me fait peur.
Bon, Nicolas, c’est toi cette fois ci, le petit, l’hargneux,
celui qui dit qu’il dit tout haut ce que la France pense tout bas, celui qui dit
qu’il fait ce qu’il dit. J’avoue que tu ne dis pas que des âneries mais tu en
dis aussi, que tu es un sacré orateur mais il faut aussi des formes pour faire
passer les messages. Et surtout, je ne te vois absolument pas représenter le
pays hors de ses frontières. Ça choque. Quand je pense, président de la
république, je pense qu’il doit pouvoir aider le pays auprès des autres
nations, en Europe, aux Nations Unis, partout. C’est naïf.
Bon, Ségo. Ah voilà quelqu’un qui sait s’y prendre avec les atouts
de son code génétique. Délicatement, objectivement, avec méthode, sans l’air d’y
toucher.
Une femme tout en haut ne serait pas un mal. Au début, je me
disais, voyons voir, ça peut être intéressant, changer un peu la donne,
bousculer les habitudes historiques, me faire comprendre la France à travers
des yeux nouveaux. Un regard féminin sur la France, je paye pour voir.
Ensuite, tu as commencé ta campagne. Meetings, interviews, discours
et là, j’ai lâché. Je me suis rendu compte que tu tenais dans tes paroles
autant de démagogie et d’hypocrisie que tes confrères masculins. Ça m’a déçu,
je me suis dit qu’on ne sortirait jamais de cette caste qui se dit proche du
peuple mais qui ne partage pas ses petits fours.
Le pire avec une femme, c’est que j’ai l’impression de lui
demander d’être irréprochable, mieux que ses adversaires parce qu’elle le mérite.
Bon, François, je ne peux pas, c’est à cause des Guignols. Désolé.
Pourtant, ton coup de réunir au centre des gens à droite et à gauche pour forme
une unité, ça m’a bien plu. Mais le reste, François, François, les Guignols…
Bon, Dominique, tu le savais pourtant qu’un premier ministre ne
pouvait briguer la première place après s’être cramé les ailes. D’ailleurs, je
pense même que tu ne seras pas candidat. En fait, au bout du compte je ne saurai
quoi dire. Je crois que Raffarin remonte son groupe de rock, y’a peut-être une
place de bassiste.
Il ne reste plus personne.
Oh, il y a encore Dieudonné, Juppé, le Comte de Paris, Chevènement,
Boutin, Taubira, Waechter, Lepage et tellement d'autres encore.
Puisqu’il ne s’agit que de feeling, d’instinct primaire et
forcément n’engage en rien la suite, les prochains discours, les prises de
positions, les soutiens, et bien, comme ça, je voterai aujourd’hui 9 octobre
pour Michèle.
Demain, je ne sais pas, mais le 9 est un bon jour pour Michèle.
Elle m’impressionne avec tous ces bonhommes en tenues camouflées autour d’elle,
à courir dans un hélicoptère de combat, à nager avec les commandos, à saluer, à
s’imposer. Elle a peut-être cette carrure pour baffer Bush ou fusiller du
regard Poutine. Et gros atout dans sa manche de parka, elle n’a pas encore
parlé dans cette course, donc n’a pas pris le risque de dire des conneries ou
des banalités. Donc, à juger par sa façon d’être, Michèle je suis avec toi
aujourd’hui.
Si ce n’est pas de la prise de responsabilité d’un blogueur ça ?!