Berné par le rire
Ne faut-il pas être foncièrement obtus pour ne pas voir la réalité
en face ?
Le maire de Rougemont-le-Château (au pied des Vosges) ne veut
pas d’un collège appelé Michel Colucci dans sa ville.
Pour de sombres contre-raisons républicaines, il cite avec dégoût
national la candidature pour le meilleur et pour le rire aux présidentielles de
Coluche (n’empêche que le comique ne faisait plus marrer les hommes politiques
à ce moment là).
Il dit, Monsieur Michel Berné, qu’une salle des fêtes aurait
été mieux pour le personnage. Il oublie donc que dans une période bien morne, Coluche
aura été une rare lumière sur le Monde qui l’entourait, il aura fait preuve d’une
profonde analyse qui rend, malheureusement encore aujourd’hui, ses textes d’actualité.
Il aura crée les restos du Cœur, palliatif arrangeant aux dérives de l’Etat.
Le comique de l’homme et son goût pour la provocation
devrait-il effacer pour Monsieur Berné ses qualités humaines et son fort
potentiel culturel, artistique.
Les détracteurs de l’époque devaient être bien démunis face à la
performance de Coluche dans Tchao Pantin.
Il parait que la difficulté des acteurs se situe dans le drame,
pas dans la comédie.
C’est curieux comme, dans notre culture, le rire, malgré qu’il
soit le propre de l’Homme, ne soit pas reconnu tel une véritable qualité d’artiste.
Et pourtant, il sera toujours plus difficile de faire rire que
pleurer.
(Cela dit, un seul prout
suffit à mes enfants pour se tordre de rire).
Coluche, plus le temps passe, plus j’apprécie la qualité de ses
sketches.
Les urnes ont parlé dans le collège :
Coluche 38,8 %, Zola (19,6 %), Prévert (14,2 %), Louise Michel (13,9
%), Emile Keller (7,14 %), Mitterrand (3,41 %) et des pouièmes.
Je loue ces jeunes et autres membres de l’institution honorable
d’avoir compris Coluche.
Il n’est pas question là de faire une classement de valeur par
rapport aux autres nominés. Sur quelles bases faire la comparaison ?
Il s’agit de reconnaître le talent de Coluche par un moyen
honorifique qui lui aurait sans doute plu, comme un pied de nez à ce qu’il
dénonçait.
Et quitte à motiver ces adolescents à venir au collège, autant
qu’ils soient fiers d’y venir en passant sous le nom de Coluche.
Monsieur Berné, pensez-vous que ces élèves seront moins bons,
moins respectueux, moins intelligents, moins cultivés, moins sérieux que si
leur collège s’était appelé Zola ou Prévert ?
Vous ne souhaitez pas honorer de votre présence l’inauguration. Tant pis pour vous, Coluche doit bien se marrer en vous regardant, je crois même qu’il est déjà en train d’écrire un texte sur vous.