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Le Bar Nabé
9 avril 2007

Jus d'orange

Il arrive toujours des trucs étranges. 

La première compétition de judo approchait.
Je lui demandais s’il savait ce que c’était. Il disait que non. Je lui expliquais qu’il s’agissait d’une suite de combats qu’il fallait gagner pour remporter une coupe ou une médaille.
Qu’il fallait faire au mieux, que le gars d’en face, il fallait le faire tomber et l’empêcher de se relever.
On a eu beau avoir des potes ceinture noire, le judo, ça reste un sport de gars en peignoirs.
Ça ne m’a pas empêché d’essuyer une larme quand Douillet a gagné sa dernière médaille d’Or.
C’est beau le judo. Ça manque de pelouse, de ballon et de crampons mais c’est beau. 

C’est ainsi que j’assistais à ma première compétition de judo, et c’était petit bonhomme qui s’y collait.
Bon, il parait que le judo structure, apprend un petit peu la discipline et le calme. Enfin, c’est lui qui a choisi.
Après la pesée (on a vite enlevé les chaussures, le pull) : 20,4 kg sur la balance. A 400g près, il était dans la catégorie du dessous.  Nos amis accompagnateurs pour l’occasion nous racontaient les plus et les moins des compétitions de leur petit à eux qui s’était fait ramasser la première fois avant de vendre chèrement sa peau dans sa deuxième pour décrocher l’Or.

Je sentais une sorte de concours caché avec eux : vous avez vu hein, celui qu’on appelait gnan-gnan, et ben, un vrai lion sur le tatami maintenant.
Mouais.

Je restais humble pendant le vrai échauffement des petits. L’ambiance de la salle de sport champêtre était agréable. On m’expliquait le déroulement qui suivrait, les tris en poules (ça tombe bien après les œufs du matin… hum, bref), les combats et les médailles pour tout le monde.
Effectivement, petit bonhomme se retrouva dans un groupe de trois, il aurait au pire une médaille de bronze, c’est un début. 

Vint le premier combat. Le petit gars d’en face ne payait pas de mine, je filmais le mien en l’encourageant. Il se défendait bien, attentionné aux attaques en balayage incessantes mais ne voulait pas forcément attaquer. La minute trente s’écoulait et tout était serré, les deux pouvaient tomber.
Ce fut le mien qui perdit d’une sorte de waza-ari ou peut-être un koka, sans doute involontaire et décaféiné. 

Il restait avec les autres, l’air totalement dispersé par rapport à ce qui se passait autour de lui, les petites filles qui gloussaient en se faisant tomber, tout en cherchant le regard des parents, les moyens qui prenaient très au sérieux la compétition, les autres parents qui encourageaient, qui applaudissaient, son futur adversaire qui écrabouillaient son vainqueur. 

Il était brun avec une expression monotone qu’on ne rencontrait que sur des rings de boxes. Rien qu’à le regarder, cela faisait peur. Il avait une ceinture jaune. Avec ma dame, on espérait que le massacre ne soit pas trop dur. Nous avions vu comment il avait écartelé le précédent. A peine l’arbitre lançait le combat qu’il balayait à tour de jambes avec un mouvement vif qui basculait l’autre par terre.
Dans le même temps, le notre était allongé sur le ventre, les yeux ailleurs, se disant sans doute que le temps ne passait pas vite. 

Ce fut enfin l’heure de petit bonhomme et du brun ténébreux inquiétant.
Effectivement, même technique rapide, le notre se retrouvait par terre, une fois puis deux mais en contrôlant sa chute pour ne pas poser les épaules au sol.
La troisième reprise fut la bonne.
L’autre avait la technique qui le ferait gagner 9 fois sur dix contre le mien. Sans contestation. 

Il bascula sur un contre que je ne compris vraiment qu’en regardant plusieurs le film le soir. En dix secondes, personne n’avait suivi, encore moins les intéressés, un bras fut levé, ils se saluèrent avant de sortir et les juges affichèrent le 1 au niveau du ippon.
Ippon, c’est indiscutable, synonyme de victoire. 

Vinrent la remise des médailles.
Encore surpris, je l’attrapai à la caméra tandis qu’il sautait sur la première marche. Ippon, en plus, ça compte beaucoup plus de points que les autres mouvements. C’est pour cela que le brun à la ceinture jaune fut second et son vainqueur du premier combat, troisième. 

Médaille d’Or, rendez-vous compte.
Et lui qui commença à pérorer quand il percuta vraiment, avec la rondelle jaune autour du cou. 

Le genre de truc étrange je vous dis.
Et je ne vous parle pas de la fierté du papa. Ce qui est gagné n'est plus à perdre.

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Commentaires
C
les batailles de polochons c'etait plus simple de mon temps... ( felicitations au champion)
L
Moi qui ne comprend rien à tous ces gens qui s'agitent en pyjama sur un tatapis, j'ai trouvé ce post vachement chouette.<br /> Médaille d'or dis-donc !<br /> Comme quoi, tous ces entrainements de foot ont servi à quelque chose !<br /> Comment ça, ça n'a rien à voir !?! Ben on n'en sait rien en fait !
A
Ben, il est passé où mon commentaire où je disais bravo graine de champion et que pôpa devait être super fier ??!!
P
Heureusement que j'y étais car tous ces termes barbares m'embrouillent...
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