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Le Bar Nabé
13 avril 2007

La vie à modeler

Note pondue on ne sait comment, donc forcément nécessaire pour son propre soi.
Je ne sais si elle s’adresse plus à l’auteur qu’aux lecteurs courageux. 

Peut-on toujours avoir la légitimité d’un avis ?

Des avis propres, il est facile d’en avoir. Un avis sur tout, à tort et de travers.
On se forge des avis en fonction des médias, de sa propre expérience, de son milieu. Que du déjà dit tout ça. 

Suis-je légitime pour débattre avec un Besancenot ou une Arlette ?
Quel droit me donne le fait que je sois issu de la classe sociale de parents partis de rien (dont 50% d’immigration italienne) et arrivés quelque part au bout d’efforts et de la chance que de jeunes couples pouvaient avoir dans les années 50, 60 pour construire une famille ?
Nous pensons aux années 60 comme la chance qu’avait nos parents pour trouver un emploi. Mais, ce n’était sans doute pas plus facile qu’aujourd’hui. 

Si mes parents m’ont inculqué la valeur de l’argent, le jamais rien sans rien, j’avoue n’avoir jamais manqué de rien pour me construire.
Ce pour autant, j’ai un travail alimentaire, un bon travail dans un contexte social actuel qui permet de relativiser sa qualité et sa rémunération.
Mais ce n’est qu’un travail alimentaire et chronophage qui a le mérite d’exister, qui me donne le droit de dire que je l’ai mérité. Est-ce un mérite ? De la chance ? La logique d’un investissement personnel ? 

Pourquoi ne fais-je pas l’une de ces activités professionnelles qui me passionneraient ?
50% de service trop minimum de ma part, 20% d’immaturité et 30% de cette absence de conseils de part l’université, le lycée, l’Etat, les Sociétés. Faut-il avoir 35 ans pour faire ce bilan ?
Ma part de responsabilité est largement engagée et je l’assume (avec peine certaines fois). 

J’ai l’impression de savoir ce qu’un vingtenaire d’aujourd’hui doit se dire.
J’espère simplement qu’il ne pense pas que tout lui est dû car le système scolaire et le monde du travail n’étant absolument pas interconnectés, il lui faudra effectuer, aux forceps, la transition.
Mon tort est donc, parce que je l’ai subi personnellement, de penser que cette situation difficile est normale et est une sorte de bizutage professionnel.

Oui mon d’jeun, avant d’avoir une situation qui te satisfasse un minimum, il te faudra peut-être faire les marchés, le caissier, subir, avant de ressentir cette fierté particulière : je m’en suis sorti (enfin, jusque là tout va mieux qu’avant).
Je crains de penser qu’en vingt ans, tout s’est dégradé, que d’un côté, personne n’aide les plus en difficultés et que de l’autre, l’assistanat permanent donne de fausses espérances.
Pourquoi ai-je ce drôle de goût social qui me fait croire que les jeunes d’aujourd’hui font moins d’efforts que ceux d’avant ?

Est-ce un moyen de s’auto-valoriser ?
La difficulté du bac, il parait qu’il serait plus facile – accessible – plus les années passent. 

Le bac pour tous, quelle idiotie politique, démagogique.
Ou bien plutôt, le regard de la société envers ceux qui n’ont pas le bac est la réelle idiotie.
Alors que ce sont eux qui font vivre les autres. 

Que connais-je d’abord de ceux qui restent sur le côté ?
Ceux qui ne sont pas accompagnés par l’école et encore moins par leurs parents ?
Quelques amis, et après ? 

Et ensuite, socialement, qu’ai-je le droit de dire sur les sans-papiers, les SDF ? Moi qui suis confortablement installé devant un portable en train d’écrire cela, dans une maison plus vaste que celle dans laquelle j’ai grandi ? 

Ai-je le droit de dire : mais non, il ne faut pas faire de vagues de régularisation des sans-papiers.
Suis-je légitime pour refuser la proposition d’un SMIC revalorisé de 300€ ?
En quoi cela me concerne ?
Est-ce que l’équilibre des déséquilibres des salaires est une raison valable pour quelqu’un qui a la chance de payer des impôts sur le revenu ? Il est sûr qu’il vaut mieux en payer que le contraire. 

Si je dis ce que je pense, j’ai avis. Qui vaut ce qu’il vaut mais un avis. Forcément contradictoire avec les avis de tout un chacun.
Ma conduite est-elle normale, bonne ?
 

Lors d’un récent déjeuner, je rentrais dans le tas avec mon avis pro-européen, donc opposé à ceux qui ont dit non au référendum. J’avais une idée de l’avenir économique à long terme, qui passe, en ce qui me concerne par une Europe résistante et forte, allant vers une évolution profonde des réalités françaises.
Par exemple, nous serons à terme dépassés (c’est déjà le cas) pour les industries lourdes par l’Asie tandis que le niveau national global nous permet de nous placer dans les industries de pointe. Pourquoi ne pas se responsabiliser politiquement et entamer une transition de l’école primaire aux sociétés ?

Secteurs des sociétés de services, technologies, agriculture, sortons de réelles forces.
Pourquoi cette impression de pays immobile, cimenté dans un système lourd.
Ai-je le droit de penser que telles décisions feraient une casse supplémentaire dans les milieux ouvriers actuels mais qu’il s’agit d’un moindre mal pour les prochaines générations ?
Mes pensées jouent avec les vies des autres. Je m’exclus inconsciemment de ce qui peut me toucher demain ou après demain, le chômage, …
Comment pourrai-je défendre ces idées face à ceux qui ont dit non à l’Europe par crainte, par réflexe de défense face à ce projet si mal présenté, si mal expliqué. 

Dans le mode de réflexion de chacun face aux problèmes sociaux, pourquoi pense-je que la réalité est : j’ai une meilleure situation que mon voisin, donc je suis plus intelligent et mes idées sont celles à retenir.
Un ouvrier a-t-il des idées moins nobles et moins visionnaires qu’un cadre sur l’avenir ?
Quelle imbécilité de base. 

Oui, imbécilité. Sauf que le monde politique se positionne comme cela face au peuple (terme usé à en vomir par nos candidats des grands partis).
Ils sauraient mieux que nous la réalité des besoins. 

Finalement, n’est-ce pas cela qu’on leur demande à nos politicien(e)s ?
Etre au-dessus de nous pour piloter l’avion ? Ils devraient avoir ces compétences supérieures aux nôtres pour aller dans la bonne direction. 

Ce positionnement n’est-il pas finalement nécessaire ?
Donc, si j’émets un avis sur un sujet qui ne m’implique pas directement, est-ce juste ou non.
Je n’ai aucune légitimité pour le faire n’étant pas élu.
 

Pourtant, j’ai cet avis qui me permet de dire, avec torts et déraisons, toujours, si je suis d’accord ou non sur un sujet. D’accord avec cette force qui me pousse à penser que j’ai raison, d’accord aussi avec l’éventualité que je puisse modeler mon avis en fonction des informations que je reçois, de ma vie. 

Je peux ainsi être d’accord le lundi, avouer m’être trompé le mardi et dire le contraire le mercredi.
Est-ce donc intelligent de donner un avis quand on considère que cet avis peut évoluer en fonction du milieu, de l’expérience, de l’âge, des rencontres, des avis des autres ? 

Me voilà donc, par essence, illégitime dans mes avis. 

Je m’auto-conclus, pour me rassurer : si je donne un avis, c’est dans cet espoir fou de l’améliorer, quitte à en changer. 

Afin d’avoir souvent le moins tort possible, il suffit donc d’être à l’écoute, le moins obtus, le moins extrême.
Lapalissade.
Donc, une personne ayant la carte d’un parti politique a automatiquement plus tort qu’un non engagé (et je ne vous raconte pas pour les partisans extrémistes).
Un non-partisan sera plus ouvert à l’évolution de ses idées en ne refusant pas les avis des oppositions. 

Il faut donc ne pas s’attacher à un seul candidat, s’orienter vers ce moindre mal, cette imperfection naturelle, cet avis qui se rapproche le plus de nos propres spécificités. 

Sur ce, bien à vous. 

Relativisons.

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Commentaires
H
J'aime bien ta note :)<br /> Je suis toujours mi-fascinée mi-agacée par celles et ceux qui sont capables d'affirmer haut et fort leurs opinions. <br /> <br /> D'une part c'est courageux d'affirmer devant tous ses idées, de poser ses choix , et il faut bien que les opinions soient dites pour qu'on puisse ensuite y réfléchir.<br /> Mais d'autre part souvent la confusion entre opinion personnelle et vérité entraine intolérance et acharnement militant ou évangélisateur.<br /> <br /> Ceci étant dit,j'affirme que la tarte Tatin doit être servie sans boule de glace dessus !
L
Mais c'est le principe de la démocratie que chaque citoyen puisse avoir une opinion (ou plusieurs) et choisir ou pas de l'exprimer.<br /> Bien sûr qu'on peut trouver que certains avis valent plus ou mieux que d'autres, mais on voit tout de suite ce que pourrait donner une sorte de gouvernance des experts !?<br /> Ensuite choisir de relativiser ou au contraire de s'arrimer coûte que coûte à une opinion déterminée, c'est autre chose. En partie dépendant de notre caractère et l'histoire de chacun, par le sujet et le moment.<br /> La question de La Bonne opinion c'est tout autre chose. On ne fait qu'en fonction de ce qu'on envisage être la meilleure solution, ou la moins mauvaise. Mais on n'en est jamais sûr, puisqu'il faut compter avec les opinions de tous les autres. Et que c'est une illusion de croire qu'un seul puisse être informé à 100% sur un sujet, quantitativement comme qualitativement.<br /> Entre une opinion et la légitimité de cette opinion, il n'y a que le degré de sincérité, de bonne foi, d'éthique (carrément) que l'on s'accorde à soi-même.<br /> Et dès fois, la mauvaise foi, c'est trop rigolo !<br /> :-)
R
C'est franchement méga bien, tout ça. <br /> <br /> "une personne ayant la carte d’un parti politique a automatiquement plus tort qu’un non engagé" : la conclusion par laquelle les gens de gauche vont te taxer de droitiste, tu vas voir !<br /> <br /> [Un chouïa de bémol, allez : "mon avis pro-européen, donc opposé à ceux qui ont dit non au référendum". Je suis pro-européen. Et j'ai pourtant voté non au référendum (sur la constitution, on est d'accord?). On peut vouloir une autre Europe que celle-là, nein ? Ou alors j'ai pas capito le sens de ce référendum. Et alors j'aurais pas dû voter? A la limite ça fout the fright.]
L
Beau billet!<br /> Je pars du principe que si tu ne donnes pas ton avis, les autres ne peuvent pas te le faire changer ou confirmer!<br /> Donc, il faut donner ton avis!
P
Et tout cela pour donner ton avis sur bien des points... <br /> Avis que je partage pour certains... :-D<br /> <br /> Héhé, cela me rappelle l'été dernier et tes avis durant la coupe du monde...
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