L'autre Festival
En marge des soixante ans du Festival de Cannes, Luc Besson, l’ours
joufflu du cinéma presque français offre démagogiquement des projections
surprises de films à St Denis et en Seine-St-Denis.
Son interview à ce sujet permet aux médias de baver sur l’icône
« indépendant » de la réussite de notre exception culturelle.
Est-ce réellement, comme il le dit, pour amener de la culture
vers ces jeunes, pour qui le cinéma n’en serait que la seule source dans ces banlieues
difficiles ?
Mon cher Luc, tout cela s’affiche d’un bon sentiment (que tu
sais à volonté modeler).
Indigènes comme choix
de film, quel à propos ! Mais, le fait d’offrir une séance gratuite,
venant de ta part, c’est assez extraordinaire.
Tu dis également qu’un peu de culture ne fait pas de mal car
ces jeunes, au cinéma, n’auraient que l’occasion de voir des blockbusters et
peu de films ‘culturels’ ou différents, pourquoi pas décalés.
Je ne nie pas le fait qu’Indigènes
est un thème forcément instructif mais tu sembles déplorer le fait que ces
jeunes n’ait accès qu’au cinéma grand spectacle, sans doute tatoué USA sur la
pellicule.
Rappelle moi ton apport à ce cinéma français qui t’a tout donné ?
Oh tu peux bien te plaindre des critiques acerbes de la presse spécialisée à
chaque sortie de tes films (dont le dernier est toujours le dernier) mais il me
semble que les scénarios auxquels tu donnes ton chèque de producteur avisé sont
aussi plats qu’un encéphalogramme de Paris Hilton.
Elle est loin l’époque bénie du Grand Bleu, Subway, Nikita, Léon,
allez, même Jeanne D’Arc. Tu as ensuite attrapé le filon pour ne plus le lâcher.
Toi qui désormais manipule les billets avec brio, pourquoi ne
fais-tu pas ce cinéma différent, culturel, au lieu d’abrutir les foules et d’user
des subventions pour servir la
soupe Taxi 4, Transporteur et Cie ?
Il ne faut pas donner des leçons, sortir sa cape de Zorro
lorsqu’on n’est pas exemplaire, mon cher Luc.
En plus de cela, tu dis avec fierté et pratiquement une larme à
l’œil qu’on devine dans le ton que si seulement 10 ou 20% de ces jeunes à qui
tu offres une séance de cinéma gratuite en plein air, ressentaient la fibre artistique
monter en eux suite à la projection, ce serait bien (une sorte de victoire
personnelle). Et cela les enverrait dans les salles obscures. Tu le dis. Ton
cadeau leur donnerait le goût du cinéma.
Donc, tu fais de la promo pour le cinéma ? A 8 ou 15 € la
place ? Pour voir des films de bouses comme les tiens ?
C’est bien ça l’idée ?
Tu leur donnes ce fric pour entrer dans un multiplex ?
Pendant que j’y suis. Chapeau bas, Luc. Faire mine de relancer
une région comme le 9-3 avec ton projet de Cité du Cinéma en faisant croire ton
attachement à ces jeunes, à ces ghettos et cette misère.
Tu as la même lueur dans les yeux que les investisseurs du
Stade de France en 98. La terre du 9-3 est très bien desservie d’un point de
vue infrastructure et très peu chère à cause du contexte social.
Joli de se mettre les jeunes dans la poche pour tes idées de nouvelle
pompe à billets.
Elle va être belle ta Cité du Cinéma. Comme est beau le SdF.
Et tu vas nettoyer une nouvelle zone, sorte de Kärcher économique,
et repousser la misère quelques kilomètres plus loin. Et personne n’en parlera.
Bien entendu, c’est tellement beau un homme qui investit comme cela dans les
zones défavorisées. J’en pleurerais presque.
Enfin, presque si je ne savais pas pourquoi ton projet a
tellement traîné.
Depuis combien de temps en parles-tu ? Ça se compte en
années non ?
Ah oui, ça a failli se faire plus rapidement voilà deux ans.
Avec les JO de Paris 2012 que nous avons raté.
Tu avais bien provisionné le tout, tu connais la technique. Les mirifiques
subventions liées aux JO t’auraient fait faire de substantielles économies, tu
aurais profité de la manne qui ne te concernait pas pour ton joujou artistico-culturel.
Tout le monde le fait, rassure-toi. En gros, les impôts du 9-3 auraient réglé une partie de tes investissements.
Joli, je te dis.
Tant qu’à faire, si on peut éviter de sortir de l’argent de sa
propre poche et qu’en plus, cela ne se voit pas…
Tu vois, Luc, j’aime toujours tes premiers films.
T’as l’air d’être un gars bien, un peu parano mais qui ne l’est
pas dans ce métier ?
Mais s’il te plait, ton côté démago alors que tu es devenu un
excellent visionnaire en ce qui concerne les sources à pognon … laisse le de côté,
montre toi humble et plus discret.