web v2.007 (2)
Avant la fin et passée l’excitation des préparatifs (comme un
vrai rendez-vous amoureux d’adolescent, il faut que cela soit parfait, jusqu’à
la couleur du caleçon) : il y a le départ.
Cette année, organisation optimisée sur fond de réchauffement climatique et d’économies : deux véhicules pour sept. En fait, non, c’est un hasard, d’habitude, il y a deux motos, un bus et trois voitures.
L’un venait directement, on ne sait pas comment, un collègue
parait-il, m’enfin un collègue jusqu’à Domfront, vous savez où c’est
Domfront ? bien alors, c’est ce que je disais. Soit disant professionnel
comme déplacement qu’il disait. Il donne
des labels à des jambons, il
estampille des origines contrôlées
sous couvert de pots de vin, il contrôle finement des produits
alimentaires avec professionnalisme avant de donner son aval qualitatif. Enfin,
le genre de déplacement qui se termine à trois heures du matin dans un pub.
Vous connaissez Domfront ? Toujours pas. Vous voyez bien.
Donc, il était déjà sur place, nous l’avons récupéré à 18h, comme prévu, en costard froissé avec pratiquement un short et le maillot de Manchester en dessous. Nous l’avons trouvé à Céaucé (prononcer Sauce pour les profanes). Comment est-il venu à Sauce, nous ne savons point.
C’est ainsi, le web originel, perdu dans la nature normande, en
Mayenne, entre deux vallons et des milliers de champs bovins. C’est comme le
petit chemin de son enfance, il a ce goût des bonnes choses et de la confiture
de mère-grand, même si le chaperon rouge a bien grandi.
C’est vert en cette saison la Normandie. En fait,
c’est vert souvent. L’herbe est grasse, le crampon se monte haut et les vaches
du pré aussi (enfin, les taureaux le meuglent).
Nous nous rejoignions après trois heures de route consciencieuses depuis la porte de Clichy et une première visite au Proxy d’à côté (ravitaillement officiel).
C’était mercredi. C’était pire que d’habitude, le week-end
commençait le mercredi après-midi.
L’autre meute partait de Paris pour arriver à la nuit presque
tombante, à l’heure même du troisième apéritif d’attente, celui qui s’intercale
entre la quinzième et la seizième partie de tennis-ballon.
Ils auront redécouverts la longère normande différemment au
soleil couchant, déjà bruyante, pas dans cette sorte d’intimité, lorsque nous
ouvrions les portes pour la première, avec les senteurs particulières de renfermé,
que nous repassons dans les pièces, observons les petits changements, prenant
le temps de s’imprégner de l’atmosphère, de se dire ayé on est chez nous.
…
C’est ainsi qu’à une heure du matin, un pc portable était
dehors et nous visionnions le film de l’année passée, l’année de Berck, c’est
ainsi que les bouteilles se vidaient humblement, que la Wii et que la
Playstation chauffaient, qu’un premier blind test ziq était passé et que la
découverte musicale du web s’inscrivait déjà définitivement dans nos tympans.
Mika.
Et son album, Life in
cartoon motion. Des influences, un peu de Queen, des airs de George
Michael, de la pop 90. Des trucs étranges, qui ne se ressemblent pas. L’analyse
musicale ne dure jamais bien longtemps car l’usage d’une telle unanimité
auditive et alcoolique devait indéniablement nous conduire à moitié à poil pour
une chenille festive.
Il y a des précédents filmés et photographiés qui me permettent
de l’affirmer.
Mais en fait, sobrement jusqu’au bout du week-end, Mika nous a
accompagné.
Sobrement, c’est une blague. Mais il n’y a pas eu de chenille,
juste tout au plus des amoncellements de corps, des joutes moyenâgeuses.
Le pire n’était pas encore passé. Comme on dit, c’était avant
le drame.