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Le Bar Nabé
8 juillet 2007

web v2.007 (4)

- Ça fait des années que je ne suis pas allé en boite,
- oh moi, j’y suis allé il n’y a pas longtemps… *réflexion* … la dernière fois, c’était il y a deux ans…
- deux ans !? Ah ouais, pas longtemps, tu m’étonnes ! 

Nous n’en n’avions pas eu l’occasion ou la volonté les autres fois. Une boite, tiens, voyez débarquer sept gars parfumés en tenue quelconque, se tenant par les épaules, rigolant déjà, comme une sorte d’alchimie masculine, de ces meilleurs potes qui se comprennent et qui sont heureux d’être là, juste là, juste ensemble, en dehors de tous contextes.
Le contexte, c’était
la Butte.

La même boite d’il y a quinze ans, la même que, 90% des jeunes présents ce soir ne risquaient pas encore de connaitre à l’époque avec leurs âges d’écoles primaires d’alors.
Décalage. Non, pas tant que ça, pas temps que ça.

D’abord, pour y accéder, sept dans une familiale, Mika à fond des enceintes, minuit passé, à la bonne heure. Un capitaine de soirée, une sorte de d’aspect sérieux de l’un de nous, comment faisions nous il y a quinze ans. Juste un peu de chance.
Je n’étais pas le capitaine, un peu trop agité sur le retour.

L’entrée, le décolleté plongeant de l’hôtesse de caisse. Oh belle jeunesse. Trouver une place pour se poser, peu de monde le vendredi soir, une salle fermée, celle du toboggan et du pop-rock. Une bonne banquette légèrement en retrait avec une bonne vue. 

Allez savoir si c’était la mauvaise organisation du début de soirée et le manque de coca dans le sky-coca ou la vodka pure désinfectante mais nous avions soif. Les courses faites au bar, je prenais place. Tranquille, philosophe, observateur, sur le canapé.
Nous servons quatre verres et nous retrouvons à deux face à la bouteille.
C’est un bon moment, celui où je ne fais rien qu’à prendre le temps. 

Dix mètres à gauche en contrebas, un couple se galoche sévèrement, sans assistance respiratoire, elle sur les genoux de lui, et ça tourne.
Nous nous disons que nous n’embrassons plus comme cela après quelques années. Comme si l’exploration buccale n’était plus nécessaire, nous étions passés à autre chose.
J’observe avec amusement, avec ce drôle de recul de l’homme plus mur, celui qui sait, celui qui maîtrise, celui qui … et puis, surtout celui qui n’a plus besoin d’aller à la chasse.
Ce n’est pas du dédain, c’est de la juste tendresse pour eux.
Mais c’est dingue un roulage de pelle qui dure aussi longtemps, ce sont des travaux publics, c’est peut-être même dangereux, elle ne devient pas bleue là ? Non, ce sont les spots.
Je les regarde et me ressers un verre. 

En face, cinq trentenaires se meuvent avec l’assurance d’un troupeau de vieux lions dans la savane. C’est beau la trentaine. Je me marre bien.
La musique est vraiment quelconque, ce n’est pas essentiel. Je ne fais pas l’épisode du ‘c’était mieux avant’. Le DJ parle de la fin des exams, qu’il est temps de fêter ça. Nous sommes désormais trois assis, nous nous regardons, nous nous demandons mutuellement si ça a été les exams. Nous sourions bêtement.

Le temps passe vite, les glaçons aussi. Ils ne viennent pas boire leurs godets. J’attaque avec mon poteau de soirée les verres des autres. Il y a une grande avec robe rouge, l’autre qui tourne autour d’un de la troupe.
Nous nous levons de concert, vas-y, attaque !
Nous nous rasseyons pour fêter ça. 

Nous avons été sur la scène quelques chansons. Puis le temps continuait de dérouler, sans emprise sur nous. La bouteille était vide.
Certains repassaient en coup de vent pour regarder leurs verres vides. Tout vide.
Il y a eu des danses à sept, enfin huit, il y avait une fille à un moment donné, puis une autre qui me racontait n’importe quoi. 

Ensuite, ce sont des bribes. Il y a eu l’étrange défilé des femmes en blanc, en robes blanches bien moulantes avec des cadeaux à distribuer. J’attrape ce que les autres m’envoient. Deux cadres photos, des trucs dont je n’ai pas souvenir, puis j’en vois deux avec des bonnets de Père- Noël, je récupère une coiffe d’apache avec de belles plumes. Je suis en pleine forme. J’y vais, je reviens. 

Puis, des groupes se forment, ils reviennent, ce doit être la fin. Quelle heure ? Cinq. Bigre. Une envie pressante. Je me retrouve dans l’expectative face aux pissotières. Certaines me paraissent tout à fait normales mais dans le coin il y en a deux. Faut imaginer deux pissotières de coins, évidemment, sans séparation dans l’angle, avec de la place pour un. Le deux, je ne sais pas où il voulait le mettre. Pour vérifier, je prends la place. Effectivement, même si j’ai forci, impossible de tenir à deux dans l’angle. Bizarre. Afin de n’attirer personne, j’arrose des deux côtés. Je marque le territoire, ce n’est pas à mon âge qu’un petit con va me jeter de là.

Dix secondes après, deux gars, un à celle de gauche, l’autre à droite qui continuent leur discussion. Puis, l’un me regarde, un regard neutre d’hommes de pissotière. Il dit, joli chapeau. Je réfléchis et réponds, ouais mais je ne suis pas l’indien des Village People. Si ça ce trouve, avec sa tête d’adolescent, il ne connait même pas l’indien, ni l’ouvrier, ni le policier. Triste jeunesse.
Je lui demande s’il a une idée sur les deux pissotières d’angle. Il ne me parait pas très éveillé. Je quitte l’endroit avec la question en tête. 

Je rencontre une partie des autres et leur demande s’ils ont vu les pissotières d’angle. Personne n’a fait attention. Mais ils me regardent bizarrement. Peut-être les plumes.
Je crois que c’est l’heure de partir, je suis de plus en plus en pleine forme. Je rejoins mon poteau exclusif de bouteille. Nous sommes désolés que la soirée s’achève, nous serions bien restés encore. La foule part, les autres paraissent fatigués, je ne comprends pas tout ce qu’ils disent. 

Me voilà dans la voiture, dans la rangée du milieu, à droite. Mon pote est à gauche.
Il parait que nous avons beaucoup rigolé pendant le chemin du retour, que nous avons beaucoup embêté nos voisins, d’à côté, de devant et de derrière, que nous parlions fort. Ils devaient être épuisés par la soirée, c’est sûr, danser autant sans se désaltérer, ça fatigue. 

A l’arrivée, il fait presque jour. Nous souhaitons que tout le monde attende de voir le soleil se lever. C’est beau un lever de soleil en Normandie. C’est rare aussi. Ils manquent de volonté, quelque chose me dit qu’ils ne sont pas très participatifs. Ils vont se coucher. Je vais en emmerder deux dans une des chambres. Deux loques m’observent l’œil hagard, l’un lit un bouquin de la bibliothèque verte et l’autre est avachi côté radio réveil en marche. Je fais mine de maîtriser mon état et ça marche. 

Je reste avec le seul qui me comprend. Nous discutons un instant, puis je rentre, je bois un coup (de l’eau), pisse dans les thuyas des voisins et m’apprête à prendre l’horizontalité de ma situation. Je prends deux aspirines pour la route du sommeil.

Lui décide d’aller marcher un peu, je rentre finalement, un peu froid, ferme le volet roulant. Il y a la porte de derrière, il y pensera. La chambre bouge un peu mais je trouve l’entrée du duvet, bien que celui comporte quelques nœuds. Il doit y avoir des bêtes autour, je m’en fiche, je n’ai pas peur. Le petit Velux est légèrement ouvert, le rideau tourné. Je n’ai pas froid et sombre. 

Après.
(En fait je ne saurais apprécier le temps qui se sera écoulé)

Il fait jour ou pratiquement, j’entends du bruit sur la toiture. Je me retourne vaseux dans l’autre sens. C’est bizarre cette sonorité, poc et tiguidiguidi. Poc et tiguidiguidi. Plusieurs fois. Ma curiosité n’est pas assez forte, je pense que ce bruit doit cesser, je marmonne et devient grossier. Tout s’arrête, je re-sombre. 

Le lendemain. A peine cinq ou six heures plus tard.
Je me ramasse laborieusement, chaque geste fait mal. Je tiens, il faut que je mange, juste manger.
Une banane, deux brugnons, un yaourt. Nouvelle banane puis du quatre-quart.
Il fait trop jour dehors, je ne supporte que les lunettes de soleil, et encore.
Affreuse journée qui débute et justifiera mon forfait du soir pour
la Butte.  

Une discussion.
C’était quoi les bruits ?
C’est l’autre, me dit-on. Tout était fermé, ouais, je sais, j’ai fermé le volet mais il y avait la porte de derrière. Fermée par un autre, comment pouvais-je savoir, on ne ferme jamais les portes ici.
Il a commencé à envoyer des petits cailloux.
Effectivement, je retrouvais par la suite des pièces à conviction sur la moquette. Enfin, des petits caillous, c’était limite galet. C’est qu’il a bien visé le bougre.
Il a continué avec tout ce qu’il avait sous la main. Un pot de Danette qui trainait est retrouvé dans la gouttière. Nous l’avons récupéré avec l’aspirateur mais la petite cuillère est considérée comme définitivement perdue. Voyant que ça ne marchait pas de mon côté, il change de tactique.
Il balance le ballon de foot sur les volets. Un volet a été ouvert, il s’est fait engueuler, logique, il s’est défendu de ne pouvoir entrer. Un courageux se lève pour lui ouvrir en râlant.

La maison retrouve son calme.

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Commentaires
P
De plus en plus consternant...mais rendez moi mon mari !!!!!!
L
Tout va bien, les vieux lions rugissent encore !<br /> (et je viens d'apprendre que tu danses dis donc ! Sur du Mika ?).<br /> ;-)
4
CA C'EST UNE BONNE FAçON D'APPRECIER LE LUNDI !!
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