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Le Bar Nabé
23 juillet 2007

Aire de repos éternel

Un car de pèlerins polonais qui se fout en l’air sur la route Napoléon, c’est d’un cynisme à placer dans un nouveau tome des Idées Noires de Franquin.
On voit bien que depuis que Jean-Paul II n’est plus là, c’est le bazar. Rendons-nous compte, des pèlerins qui rentraient chez eux après avoir fait la tournée des monastères. L’agence de voyage sacrée est contente, ils n’auront rien à rembourser aux survivants sur la mauvaise organisation.

Si le chauffeur est également polonais, celui-là même qui a vu la balancelle en face quand le bus a plongé au détour du virage dans un jardin, on va dire qu’il était saoul. Même pas je vous dis, juste ne respectait-il pas la signalisation, juste s’est-il senti porté par des voix impénétrables qui auraient dû éteindre les freins en feu. 

La journaliste polonaise interviewée parle calmement du haut d’un perron d’église de là-bas d’un miracle. Quoi, un miracle ? Vingt-six ou plus de morts écrabouillés ou brûlés, il est où le miracle ?
Ah, parce qu’il y a dans les survivants, les deux prêtres de la paroisse qui a dû mettre en place le voyage. Il est beau le miracle. En gros, traduction : pour survivre il fallait avoir encore plus la foi, fallait pratiquer à donf, fallait être dans les ordres. Sinon, ce n’est pas suffisant pour être ignifugé. 

Le maire désolé qui voit atterrir les bus et camions dans son village se désole et les services publics sont désignés. Pourtant, il n’y avait pas eu d’accidents à cet endroit précis depuis une vingtaine d’années.
Bon, il y a vingt panneaux. Je dis que le gars qui prend son semi-remorque sur cette descente, il ne faut pas le considérer comme un imbécile. Il sait lire le gars. Le gars, il pense aussi que ce n’est pas si terrible et que statistiquement, il a plus de chance de s’en sortir au bout de douze kilomètres que d’éviter une soufflante par son patron s’il arrive en retard car il aura pris la déviation.
Le gars en bus, il sait lire aussi. Mais bon. Voilà.
Les voix du Seigneur sont impénétrables. Pas comme la petite barrière qui longe la route. 

Le gars a qui appartient le terrain au bord de la rivière, il est énervé également, on lui balance n’importe quoi sur la pelouse (que si ça se trouve, il venait de tondre).
L’accident agace tout le monde.
Je ne vois pas là une sorte d’inéluctabilité de la mort mais une conséquence d’une erreur humaine.
La boulette à presque trente morts.
Le ministre veut poser, puisque les contrevenants ne respectent pas les consignes, un arceau de sécurité pour bloquer les véhicules trop hauts. Il faut aussi placer deux gendarmes à chaque virage avec un grand panneau clignotant rappelant qu’il faut utiliser le frein moteur, que l’excès de freinage est dangereux pour la santé. 

Ça m’énerve.
Parce que la fois suivante, ce sera un car de gosses revenant de colonie de vacances.
Ce n’est pas tant qu’un convoi de pèlerin ne vaut pas une tripotée de nains mais je me comprends.
Quand même, des pèlerins, Dieu est moqueur.
Sans compter qu’à cause de l’accident, d’autres autocars vont vouloir faire le même chemin en mémoire des malheureuses victimes.

Je ne donne même pas l’exemple avec mes petits débordements personnels, mes « trop plein » de confiance, mon surplus de confiance, mes risques inconsidérés. Comme si la faute à pas de bol n’était pas suffisante.
Mais là, point de fatalité.
 

Post-scriptum à nos amis de a DDE : placer une petite aire de parking en face d’une sortie de virage ! (sans doute pour que le touriste regarde la rivière et soit aux premières loges pour voir arriver les bus en ligne droite). Quelque chose me dit que vous êtes joueurs.

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Commentaires
S
Dieu existe. C'est indubitable.
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