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Le Bar Nabé
22 août 2007

Heureusement

C’est fou ces questions. La patate ? Heureux ? Bien ton ton job ?

Le tour de la question. Il pleut toujours, aujourd’hui. T’as vu le mois d’août ? Comment répondre. Donner une moyenne générale, comme entre potes au lycée quand une fille passait dans la cour, ou des lettres, c’est encore plus flou, ou une impression qui flotte et qui se résume par un mot.
Bien sûr que tu as raison, c’est vaste. Et ces trois petits points inconsciemment que tu ajoutes après le vaste.
Ai-je la patate ? Ouais, j’ai mes deux jambes, mes deux bras, un cerveau (oui, c’est cela), et un bon environnement dans lequel les faire s’agiter.
Le truc, à la question, heureux, c’est la réponse qui se philosophise automatiquement. C’est con. Bien sûr, tu l’as vu le sdf, le fiston du chinois noyé dans sa mine, le simple gars cyclonisé. Ça dépend, ça dépasse du référentiel.
C’est pénible la relativité des choses, à quoi comparer, peut-on comparer ?
Donc, se réfléchir par rapport à soi, l’autosatisfaction. Fermer les yeux et penser à ses aspirations. Qu’aspire-je à part de l’air ? 

Bon, le job. Bien mieux que d’autres déjà pratiqués, mais un job. Le salaire, l’obligation alimentaire et responsable. Donc, quoi le job. Des trucs qui s’écroulent, moi qui m’ébats dedans, qui crois, qui ne sais plus vraiment et qui se dit que trente ans encore. T’imagine, trente ans ? Avoir soixante-six berges avant de regarder les yeux et envoyer paitre.
Changer ? L’herbe plus verte ailleurs ? Se remobiliser, se remotiver, reperdre du temps, comme un sursis pour retrouver les mêmes gens, les mêmes critiques.
Aucun avenir dans une autre boite. Ou alors, la sienne, une vraie raison d’investissement. Mais quel projet ?

Putain, ça se voit que malgré tout et malgré tous ces papiers retournés en rangeant il y a peu, relevés d’Assedic, l’armée, feuilles de paye orphelines, assez de chance. Pas ce petit besoin obligatoire qui peut déplacer les montagnes.
Je suis un Everest. Endormi. Même pas peur.
Donc, le job, ça va. C’est dans la question, c’est un job. 

Heureux ? Le bonheur. Je repasse le bac ou quoi ?
Les gamins, ma femme. Quand on se pose la question du bonheur, mon premier réflexe tombe sur les enfants. Sur leur mère. Un ordre établi et prioritaire. Je regarde, dose et conclus. Mais qu’en est-il de la réciproque ? Si je le suis, le sont-ils. Je conclus.
Mais derrière le heureux, y’a ce fichu épanouissement personnel, cette crise personnelle bien propre qui doit commencer à trente balais.
Et cette foutue cervelle qui ne fonctionne qu’en bas régime. Comment la rebrancher en plein loisir, en total confort ? La fainéantise. C’est humain, hé oh, ça va. C’est triste quand même la fainéantise intellectuelle.
J’ai découvert hier qu’il y avait des gars qui se marronnaient le neurone pour débusquer des détails de fonctionnement d’un jeu de management de foot. Le bloc équipe, la tactique affinée en variantes, l’étude de l’adversaire, la traduction d’un code informatique avec des mots tirés d’un article de L’Equipe. Même ça, je ne m’étais pas forcé. Pourtant, jamais pu me qualifier en Ligue des Champions. Je comptais sur quoi, la chance, un bug du programme, que les circuits intégrés découvrent par eux seuls que je leur étais intimement supérieur ?
J’attends qu’ils devinent tous que je possède d’énormes capacités. Je trouve cela normal qu’ils me reconnaissent ces atouts sans rien réclamer, sans trop me mettre en avant.
Orgueil et nombrilisme. Et fainéantise.
Technique du minimum, j’ai atteint ce minimum personnel. J’ai toujours fait le minimum vital pour atteindre ma propre satisfaction.
Confondre satisfaction et bonheur. Et tout ça dans un océan d’égoïsme.
Tu m’en as posé une de ces questions. J’avais presque oublié. 

Tu vois, faire un truc entre potes, le genre qui masque l’aiguille de la montre qui tourne. Mais une réflexion, qui fait réfléchir, qu’il faut aller chercher, en quoi croire de concert.
Même pas du fric. Bon, un peu. Ça peut le faire en mixant l’autre vie, j’en suis sûr. C’est ça, c’est la cerise sur le gâteau. J’ai compris, je cherche ma cerise sur forêt noire. Et certains jours, j’ai l’impression que ce n’est plus une cerise mais un pamplemousse, et d’autres, comme l’autre soir là au bord de la mer, je croquais.

Ouais, j’ai compris. La cerise. Je dois faire pousser l’arbre. Ou attraper une branche.

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Commentaires
B
>Phany: meuh non, ce ne sont que des mots roses<br /> >Seb: p'têt ben. Et ça me fait me peur tout ça ! ;-)
S
Pénible et rassurant de se lire dans le texte, les doutes, et les interrogations d'un presque inconnu (bon, je suis depuis quelques temps les digressions du bonhomme mais quand même, sans un verre partagé peut-on vraiment connaitre ?!!!).<br /> Donc, merde, j'ai les mêmes. Et une interrogation sur ma formidable capacité d'inertie, cette faculté exceptionnelle à attendre que les choses viennent, en résumé le meilleur moyen pour que rien ne se passe.<br /> <br /> Pour que les choses bougent, c'est pas tout simplement du courage qui nous manque ?
P
ça sent la morosité cette note !
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