Tonio
Cognac
Rhum blanc
Jus d’orange
Sirop d’orgeat
Citron vert
Normalement,
il y a des mesures précises. C’est aussi une histoire de premier essai de ce
cocktail dans un hôtel, loin. C’était bon. C’était très bon. Un nom de fleur :
orchidée.
C’était, avec le recul, quelque chose cette fête des sixties du beau-papa.
Quelquefois, dans ces réunions de famille, de la belle-famille, de celle qui
vient du sud de l’Italie, de la Sardaigne, je prends le temps d’observer.
Je vois un fonctionnement familial que nous n’imitons plus aujourd’hui. Je vois
le parrain (toujours tiré à quatre
épingles, caractériel et spécial), les frères et sœurs, des liens. Le parrain n’est
d’ailleurs peut-être même pas celui qu’on pense, si ça se trouve, le vrai parrain de cette famille, c’est mon
beau-papa lui-même. Oui, je suis sûr que c’est lui, je commence à accumuler les
preuves. Mais bon, omerta hein.
Je lui ai rappelé ce week-end (maintenant j’ose parler)
(je ne pourrai jamais le tutoyer cependant) ce qu’il m’avait dit voilà dix ans
quand j’emportais sa fille. Un truc du genre qui affirmait autoritairement en
me regardant droit dans les yeux que j’avais bien intérêt à prendre soin de sa
fille.
Vous pensez que je me tiens à carreau depuis. C’est que ça ne rigole pas la Famille avec certaines choses.
Je crois avoir été intégré. Au début, ils discutaient comme si je n’étais pas là.
Un vrai gadjo j’étais.
Maintenant, il est possible que j’aie réussi à faire mes
preuves. Vous pensez que je m’étais précipité dés 1994 à expliquer que j’avais
aussi une bonne moitié de sang italien qui coulait dans mes veines. Mais c’est
l’Italie du Nord. Alors que la Sardaigne, ce n’est pas vraiment l’Italie, hein.
Avec deux petits enfants comme preuve de ma fertilité, il
est bien obligé de compter avec moi. Enfin, mes enfants ne portent pas le nom
de la Famille. Je m’écarte de l’arbre
généalogique. Je reste une branche rapportée. J’exagère. J’aime bien l’image
que je me fais de mon beau-papa.
Et puis, si ça se trouve, je ne suis pas éloigné de la vérité.
Le colosse était ému au milieu d’amis et d’une partie de la Famille.
Voilà, plus de trente ans, j’ai la photo de cette dame en
noir, pas très grande, un peu recroquevillée. Mon arrière grand-mère qui venait
d’Arba. C’était aussi la Famille de
mon côté.
Nous avons changé de siècle, de mœurs, d’habitudes. Et plus les années passent,
plus…