Raccourcis
L’expérience si recherchée
et confortable par rapport aux évènements qui, de fait, ne nous surprennent
plus, a ce défaut de nous couper de la naïveté de nos réactions. J’essaye d’anticiper,
de prévoir, ne pas être étonné et donc déstabilisé.
Il paraitrait même que c’est
une qualité. Je ne suis pas sûr. Dans les rapports humains de tous les jours et
principalement professionnels, certainement, mieux vaut ne pas se montrer naïf
face à ces collègues. Des raccourcis sont vite réalisés. Nous sommes catalogués,
et la crédibilité en prend un coup.
Alors les expériences passent, la mémoire se remplit, se forge de réflexes auto-conditionnés,
s’adapte aux situations.
Je m’étonne, heureusement
encore, des manières d’être d’autres. Je suis encore consterné ou agréablement
surpris. Je n’arrive pas à tout classer dans des cases. Je sais que
quelquefois, cela me dessert. Tant pis, je me dis que ce n’est pas plus mal. Je
sais aussi être surprenant, sans calcul, consternant simplement. Qualité,
défaut, allons.
Les années vont passer encore
et je vais continuer à construire des condensations d’idées. Un fait, une
flèche, une réaction, une flèche, un embranchement, le chemin se balise de
causes en conséquence jusqu’à la (soi-disant) maîtrise. Et de jeune, puis
moyen, je vais passer au stade ultime de développement, soit, le vieux con.
Celui aux idées préconçues, sans autre porte de sortie que son raisonnement
trop réduit. Combien de temps reculons-nous l’échéance.
Et, beaucoup diront que j’ai
de l’avance sur ce calendrier. En plus.
J’observe ces jeunes que je rencontre, sortant des études, persuadés de leur fait et certains. Je m’amuse et me rappelle. J’écoute et essaye de traduire quel a été le chemin qui amène aux certitudes. Influences familiale, sociale, amicale, professionnelle. Et j’attends que eux aussi se construisent, sûrs.
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