Le soleil est vert, vous savez
Au moment où vous vous apercevez de l’ironie de la
situation, c’est déjà un pas de gagné vers la lucidité. Et je me le dis de plus
en plus souvent, je développe cette capacité au mensonge dans ma vie
professionnelle.
Certes, quand c’est bleu, c’est bleu. Mais j’obtiens des
bleus pales, des bleus foncés et quelquefois des bleus turquoise ou même verts.
Je tends vers le changement de couleur et de ton, à force d’argumentaire qui
file de plus en plus naturellement dans la conversation.
Face à moi, collègue chiant, intervenant commercial, ou je ne sais qui d’autres.
Cependant, dès que je suis directement intégré dans la conversation comme un
maillon de la chaine, je retrouve cette humanité, cette distinction entre le
bien et le mal, la vérité aussi.
Ce qui énerve au plus haut point mes proches, disons le donc, est une certaine
mauvaise foi, une insistance à toujours avoir raison (il est vrai que c’est
assez pénible pour les autres d’avoir souvent tort. Le fait est que ma
perfection naturelle agace.).
C’est une arme relationnelle à affirmer de sang froid un
avis pour ranger une décision de son côté.
Un outil de réussir à orienter, manipuler. Un combat quelquefois de longue haleine
dont on ne comprend les rouages qu’à la fin. Il s’agit d’une sorte de
communication, usuelle aujourd’hui chez les journalistes, les politiques. Jeux
de dupes étranges d’où il faut sortir gagnant. Au dessus, eux aussi, utilisent,
s’amusent presque.
Je m’étonne toujours, comprends, m’adapte, perds la raison dans certains
contextes.
Point de gravité dans les propos tout de même mais des
conséquences. Toujours avoir le recul, il faut.
Ou alors, le chemin devient trouble. Vous vous
auto-persuadez d’avoir raison, toujours raison, que vous prenez toujours les
bonnes décisions, parce que savez trouver les bonnes raisons, justifications.
Pire encore, vous découvrez que vous auriez peut-être des intuitions, un sixième
sens.
Fariboles du monde.