Cerf-volant (2)
Tout le monde a compris où je fais pipi sur la moquette ?
Donc, je résume, la voie rationnelle n'est pas forcément celle qui est privilégiée instinctivement par nos neurones pour trouver une solution à un problème.
Souvent, nous ne voyons pas la poutre que nous avons dans l'il alors que nous nous étonnons du minuscule petit cure-dent coiffé d'une petite ombrelle qui orne notre dessert deux boules (de glace. Oh ça va hein).
Que fait notre cerveau de nos souvenirs.
Comme énonçait non sans une certaine fierté mon professeur de mathématique de seconde, nous rangeons nos leçons dans des petits tiroirs à l'intérieur de notre crâne.
En y pensant, j'aurais dû lui dire que, là (un doigt désigne mon front gracile et forcément acnéique d'alors), ce n'était pas marqué IKEA.
Il suffirait donc, à chaque besoin, de tirer le bon tiroir et d'y recueillir l'information correctement bien agencée en attente d'être utilisée. Facile comme Basile !
Bien sûr, faut pas ranger ses slips avec les soutiens-gorge de madame afin de ne pas court-circuiter un réseau de réflexion scientifique par d'affriolantes petites dentelles. Autrement dit, s'il vous plait, il ne faut pas réviser son bac d'histoire devant un film à tendance cochonne (« Change de trou, ça fume » ou d'autres « Le trou d'balle sifflera trois fois ». Ne cherchez pas, ça n'existe pas).
Personnellement, mon bac d'histoire, c'était devant Rolland Garros.
Il ne faut pas non plus écouter l'agrégé assommant prof de français adepte de Zola en bavant devant une paire de lolo ou je ne sais ce que les filles peuvent bien regarder.
Vous risquez de tout mélanger.
Mais peu importe puisque l'utilisation même de vos souvenirs est pervertie.
Il a été prouvé que lors de l'extraction d'un souvenir de notre mémoire à long terme, le souvenir se trouve 'fragilisé' durant un court laps de temps et sensible au contexte du moment.
Donc, chaque souvenir sorti de sa boite subit des influences extérieures. L'extraction permet l'intégration de certains éléments du présent, et cela d'autant plus que le contexte est hautement chargé émotionnellement.
C'est un phénomène naturel qui se produit sans que nous puissions forcément nous en rendre compte.
Une fois le souvenir 'utilisé' et modifié, il est de nouveau stocké dans notre mémoire à long terme.
Nos souvenirs ne sont donc pas le reflet exact des évènements que nous avons connus.
Les spécialistes appellent cela des 'faux souvenirs'.
Ils sont fabriqués progressivement à force de remémorations successives.
Pourquoi donc me direz-vous (bien que vous soyez très curieux) ?
C'est une méthode qu'a notre cerveau pour nous rendre certains souvenirs plus agréables. Une façon de voir notre vie en rose. Enfin en gris rose puisqu'il s'agit de vieux souvenirs.
De la même manière, vous vous êtes déjà peut-être rendu compte que vous triez inconsciemment vos souvenirs afin d'en retirer que le positif. Le temps amortit l'aspect négatif des tribulations qui nous accaparent tout au long de notre vie.
Le temps efface tout.
En fait, c'est une action cumulée :
- du temps qui passe (évidemment, tout souvenir non remémoré est d'autant plus difficile à faire revenir à notre conscience, c'est une gymnastique de mémoire qu'il faut entretenir).
- de l'action de notre cerveau qui lisse les pics émotionnels de nos souvenirs.
C'est curieux de s'apercevoir qu'il y a une cause physiologique à ce phénomène.
Alors quand nous racontons des histoires de notre temps d'avant
les histoires peut-être plus belles qu'avant. Ce n'est pas plus mal.
Notre cerveau nous défend contre les agressions que nous subissons, contre des traumatismes passés.
Prochainement : Comment notre vision n'est pas notre meilleur sens.
Source : Science&Vie n°1044