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Le Bar Nabé
13 décembre 2004

Les laids gens (de)

   

Il se peut que le contenu de cette note soit choquant pour les non-initiés.

 

L'image du football est vraiment négative et incompréhensible.

Canal+, quelques jours après la série des jours-thons (non, pas la cérémonie des Miss France ni la grande pêche annuelle au port du Guilvinec), vient de casser sa tirelire pour s'approprier les droits de retransmission du football français jusqu'en 2008. Et avec l'exclusivité s'il vous plait madame !

Peu importe les joutes verbales entre Le Lay (TF1-TPS) et la Denise (désolé, Denisot de chez Canal) pour se justifier d'un côté d'une offre nettement inférieure et de l'autre d'une offre nettement supérieure.

Il est vrai que le rapport entre les deux est de 1 pour 2, soit en gros (on va pas chipoter) 600 d'un côté pour 300 millions d'euros par an.

Il parait qu'une partie de la manne financière va permettre au football français de concurrencer les grands clubs européens. Tant mieux, les joueurs vont apprendre à marquer des buts et à ne pas être le dernier pays des cinq 'grands' pour le spectacle (Allemagne, Italie, Espagne, Angleterre).

 

Bref, je ne parle que d'argent car c'est ce qui ressort de l'image de football.

C'est ce qui sert et dessert ce beau sport. Alors oui, le footballeur est fragile, tombe au moindre coup de vent et prend un chèque surdimensionné en fin de mois par rapport à ses efforts physiques.

C'est devenu le sport business. Certes, rien à dire.

 

Simplement, pourquoi peut-on être un footeux hormis la simple raison d'être un buveur de bière anglo-saxonne probablement équipée d'une table basse pour y poser ses pieds endoloris ?

Pourquoi ai-je regardé l'ensemble des matchs des coupes du Monde 1990 (oh bon ça va sauf un match de la Corée je crois) et 1994 alors que la France n'y était même pas ?

Pourquoi suis-je ému de la disparition de Raymond la Science ?

Il faut que je vous explique la naissance de ma vie en rond.

 

En 1978, j'avais 7 ans et commençait à pester devant l'Argentine-France acheté par le pays organisateur ! (Coupe du Monde 1978, Argentine-France 2-1 et les premiers galons de Platoche). J'étais à moitié adossé contre le bar qui coupe la salle à manger parentale et ne comprenait pas pourquoi l'arbitre sifflait à travers. A 7 ans.

France-Hollande du 18 novembre 1981 au parc des Princes nous a permit d'accorder à Platini la couronne du maître es-coup franc. 51ème minute et le ballon se logea dans les buts oranges. J'étais content mais je ne comprenais pas encore.

 

En 1982, vint le déclic, le signe cabalistique de la marque divine du ballon rond. L'épopée des bleus platinien a ouvert en moi un livre que je ne suis pas prêt de refermer.

Après un parcours très prometteur, l'ogre allemand se présente sur la pelouse de Séville en demi-finale de la coupe du Monde espagnole.

Il y a eu dans ce match tout ce dont je pourrai aujourd'hui rêver. Un suspens, une dramaturgie, un déroulement extraordinaire.

Le mauvais souvenir s'est muté en un lot d'images hors du commun.

 

Il y avait sur ce carré d'herbe usée un combat qui sortait des limites du sport, je ressentais une atmosphère lourde d'évènements passés.

Mon père avait le droit respectueux du canapé. Ma sœur, le second fauteuil qui faisait face à la télévision familiale. J'étais avachi avec mes 11 ans en travers du dernier siège.

La lutte en était à 1-1, à la 57ème minute, lorsque le gardien de la République Fédérale allemande Schumacher envoya Battiston dans le coma.

 

A cette époque et pendant encore quelques petites années, l'équipe allemande était celle de l'anecdote : « Le foot, ça se joue à onze contre onze et à la fin, ce sont les allemands qui gagnent. »

A cette époque, la politique européenne était loin des considérations actuelle des pays occidentaux.

A cette époque, les joueurs n'étaient protégés comme ils le sont aujourd'hui par l'arbitrage. Les cheiks koweitiens pouvaient descendre sur la pelouse pour faire annuler un but, deux équipes pouvaient jouer à la baballe et s'arranger du score pour en éliminer une troisième, les maillots étaient en coton moulant et les shorts courts comme des strings, les coiffures tardaient à se séparer des années 70.

La fête du football était à son comble pour une équipe de France qui sortait d'une disette noire, vierge de résultats à part une troisième place en 1958 avec Kopa et Just Fontaine. Un autre âge.

La bande à Platini découvrait son véritable niveau et nourrissait d'espoirs la nation qui avait inventé la compétition mondiale. La ferveur du public était immense.

 

Battiston fut transporté en civière gravement touché et inconscient. Platini prenait sa main alors qu'elle se balançait sans vie. Il n'y eu pas de but, pas d'expulsion.

Il y eu des prolongations épiques, la reprise de volée de Marius Trésor, la course dans les étoiles de Giresse. L'apogée.

Il y eu l'entrée en jeu de Rummenigge. L'enfer, l'inconcevable.

L'égalisation. La séance de tirs au but invraisemblable.

L'ultime tir raté, Max Bossis a eu un genou à terre, s'est retourné vers ses camarades. Je le vois toujours.

 

C'est impossible de résumer ce monument sportif qui pour moi à l'origine de tout.

 

[Je pourrai vous parler football pendant des heures, vous citer les matchs suivants, des analyses, des fêtes, des larmes aussi, des joutes verbales. Sans à un seul moment dire le mot argent.]

http://footballlegend.free.fr/FCM1982.html

 

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Commentaires
J
C'était vraiment un match traumatisant, j'avais 9 ans, et depuis je n'ai jamais pu vraiment accrocher sur le foot professionnel(pourtant j'y joue encore en club)tellement j'ai un souvenir d'injustice.
I
finale coupe de clubs champiosn en 1976, perdue à Glasgow 1/0 contre le Bayern Munich...
B
Ouh la, 76 ou 77, j'étais petit.<br /> Peut-être les verts de St Etienne qui ont fait vibrer les champs Elysées
T
Je me souviens d'une grande liesse populaire suite à un match en 1976 ou 1977 , c'était suite à quoi Barnabé? une finale un truc comme ça?? je ne me rappelle pas, je me souviens juste des gens qui klaxonnaient comme des fous, les visages rigolards. <br /> <br /> Bises Tillie
I
Ta phrase sur la réussite teutone est coryrightée Gary Lineker. <br /> <br /> 1982 a marqué toute une génération mais au final, il a fallu attendre 16 ans pour avoir la chance d'assister à un renversement de valeur entre cette France incapable de conserver deux buts en demi finale d'une coupe du monde et une France championne du monde. Elle était belle cette équipe mais elle n'avait pas assez de... vice, de bouteille ! Elle aimait trop jouer et c'est ce qui a les a perdu, au meme titre que le Bresil de cette année la , assassiné par Rossi, ou comme le Danemark de 1986.<br /> <br /> Enfin, je dirais que depuis,chaque victoire sur les allemands permet d'évoquer "le billet retour de Séville..."<br /> <br /> Patron, un p'tit blanc sec et que les moins minables ne paument pas !
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