LVN existe, je l'ai rencontré
Je ne suis pas en retard, c'est déjà ça.
En attendant l'heure de la rencontre, je fais le tour du monument. Magnifique, impressionnant, imposant.
Fait d'Histoire(s) et de Culture(s), j'hésite à poser mon oreille tout
contre une de ces pierres grisées. Peut-être me souffleraient-elles des
airs, des chants, des longues litanies, des pleurs symphoniques
d'orchestre.
Si je tendais l'oreille un peu plus, j'entendrai le son résonnant des pas de danse sur la piste.
La circulation des véhicules et des gens est importante. La capitale me
rappelle que la journée dure vingt-quatre heures ici.
Je ne sais pas à quoi il ressemble, aucun détail de son aspect n'a été encore discuté d'un côté comme de l'autre.
Deux
heures auparavant, je me préparais comme pour un premier rendez-vous,
comme pour une soirée rare, comme pour quelque chose d'inédit qu'il
faut essayer de ne pas rater.
Je me rasais, un samedi, je repassais ma chemise, choisie après validation de mon épouse. Je suis emprunté bêtement.
Pour mieux savourer du temps et des pensées qui précèdent la rencontre, j'ai laissé la voiture rouler doucement.
J'observais tout, je longeais le SDF, j'admirais les enseignes lumineuses publicitaires chevauchant les immeubles qui marquent la frontière du périphérique.
Porte de St Ouen, place de Clichy, les Galeries Lafayette et l'Opéra.
Je ne devrai pas penser autant.
Je
regarde le monde défiler devant les marches, les arrêts, les flashs
photographiques, les regards vers le haut, cime du dôme.
Que fais-je donc là, assis, les fesses devenues froides, attendant l'étonnant ?
Il est peut-être déjà là. Je ne sais pas. Je dois l'appeler.
Moi qui hésitait tant à rencontrer un blogueur. J'ai encore envie
d'allonger les secondes, de les étirer jusqu'à ralentir les
clignotements des façades des magasins encore festifs.
C'est vrai, d'habitude, on se sert la main, on s'observe, quelques
paroles pour s'apprivoiser et éventuellement viennent des anecdotes de
vies, des débats et autres questions refaisant le Monde.
On apprend alors à se connaître.
Le Monde est à l'envers ce soir.
J'ai l'impression fausse de le connaître, un peu et qu'il sait, un peu, de quel esprit je suis animé.
J'ai honte de la faire patienter, je décroche le portable.
Voilà, c'est fait. Juste dix petites minutes avant qu'une autre sonnerie nous rattrape tous les deux.
Je viens de mettre une voix sur des textes.
Je ferme les yeux et je pense à certaines de ces notes et j'essaye de l'écouter me les raconter.
Je
pense aux lecteurs assidus du Monsieur à la grande et belle oreille
attentive. Je pense à ceux qui auraient aimé être à ma place. Je suis
alors fier et content.
Je ne songe pas encore au spectacle, aussi inconnu pour moi.
Je ne suis porté que sur l'intimidation de
Ces silhouettes vont nous observer, empruntés dans les premiers instants.
Mais à quoi ressemble t'il ?
Bien que ce ne soit pas vraiment important, l'aspect physique va entrer
en jeu. Cet aspect n'est pas une source parasitaire comme pour une
rencontre classique entre deux individus.
Je suis content d'avoir eu le temps d'écrire tout cela.
Le ballet de danse contemporaine débute dans une heure, je dévisage les
passants sans doute bizarrement à chaque fois que je lève les yeux de
ce carnet.
L'homme
doit en avoir assez de porter sa toge de l'autre main non armée alors
qu'il y a une femme à ses côtés aux adorables petits seins.
Mon imagination part pour me détendre.