A la mode de chez nous
Je suis forcément quelqu’un de trop rationnel.
La mode m’échappe.
Et si j’étais badin en humour, je tenterai aussi un
‘la mode m’écharpe’.
Parmi les innombrables domaines que je ne maîtrise
pas, la mode en est un.
Est-ce parce que maman m’habillait au primaire avec
ces adorables pantalons de velours vert ou marron entichés d’un sous-pull
marron ou vert (qui colle quand on transpire) ?
Est-ce parce que la sacro-sainte marque n’était pas
à la portée de mes bourses (oh ! Je vous en prie, ce n’est pas le moment,
là, c’est un moment grave, un truc comme du Shakespeare, dramatique avec des
fantômes et des morts à la fin) ?
Le fait est que j’eu longtemps respecté les
techniques vestimentaires parentales. Mais je ne vous demande pas si vous
portez des slips sous vos caleçons.
Le fait est, donc, que je reste pantois
d’incompréhension (limite autiste) face à un défilé de mode.
Je ne comprends absolument pas ce que représente
cette industrie aux fondations froufrouteuses.
« Mais mon gros, c’est de l’art ! Tu ne
peux pas comprendre, tu n’es pas assez raffiné pour cela. »
Je constate, même si je perdure à me prénommé ‘mon
gros’, que je ne suis pas plus motivé à reprendre le sport.
Par contre, je conçois que je sois con.
Un peu, sur les bords et souvent au milieu quand il
s’agit de mode.
Le pire étant pour moi l’appréhension de cette
incompréhension.
(Oui, j’aime bien les phrases alambiquées, c’est ce
qui fait fuir mes lecteurs)
Quel intérêt réel a un défilé d’anorexiques sur une
estrade ?
Pourquoi les journalistes et professionnels de la
mode sont assis en contre bas sans aucun autre objectif que le premier rang
puisse reluquer les dessous coquins inexistants ?
Quel but a ce déhanchement à faire peur un
unijambiste ?
Pourquoi tant de plumes ou de ferrailles qui
visiblement ne peuvent se porter ailleurs qu’au plus grand cabaret de Sébastien
un samedi soir en goguette ?
Pourquoi tant d’argent dépensé pour des individus
snobinard(e)s embagousé(e)s jusqu’à leur dernière couronne dentaire ?
Mon entendement est dépassé. Je ne vois pas l’intérêt
de la chose.
Comme il est humain de chercher dans le paranormal
une explication à l’incompréhensible, je suggère avoir atteint mes propres
limites intellectuelles (je me demande si cette phrase ne serait pas un peu
pédante ?).
Bref, comme disait ma mère en … euh non, ça je l’ai
déjà fait il y a peu, ça va se voir.
Finalement (c’est bien aussi ça, finalement, ça
peut remplacer un bref au pied levé).
Finalement, je dois être rustre.
Que ce soient la haute couture, été, hiver,
printemps ou en Moldavie du Nord, je m’en bats l’œil avec une pelle à tarte.
Je n’ai aucune sensibilité face à ces transparents dentelliers
en peau de couilles de gnous ou devant ces fourrures naturelles de ragondins
tibétains (dont on se demande s’il ne s’agit pas plutôt de la toison pubienne d’un
quelconque yéti).
Quant à ces armures en toiles de jute, je
demanderai à vérifier si elles supportent correctement la transpiration âcre d’impossibles
nudités déguisées en sac d’os.
Bon, pour me réconcilier avec ce salmigondis de bêtises
personnifier par d’artistes cocaïnomés en mal de poupées Barby, j’accepte d’accorder
le bénéfice du doute aux défilés de Prêt-à-porter à condition qu’ils respectent
leur appellation. Sinon, on se retrouve face à du Babybel qu’on nomme fromage.
Prêt-à-porter. C’est clair non.
Mais qu’on m’enlève de mon beau regard vert d’ascète
épuré la vision d’un Lagerfeld, d’un Paco Rabanne ou de je ne sais quel Gaultier
peroxydé.
Y’a quand même des choses plus importantes dans la
vie non ?
Par exemple, vous avez vu le dernier coup franc de
Juninho ?
Et le Psg n’est plus ce qu’il n’a jamais été non ?
Sinon, jetez un œil (mais reprenez le, on ne sait
jamais) chez elle.
J’avoue, il y a des belles créations à moins de
20000€ tout à fait sortables.
(Je me demande si je ne serai pas de mauvaise foi).