Traversée de la cité
Rhaaa le petit jeune débile !
Qu’en aurai-je fait sur ou sous le capot de la Clio ?
C’est évident qu’il aurait tout cabossé la totomobile.
D’autant, que ma pov’dame, de nos jours, avec la croissance,
les jeunes sont de plus en plus balaises.
C’est grand, c’est échevelé, pour un peu, ça serait
plus musclé qu’un flan aux pruneaux. Enfin, j’dis ça, j’dis rien, hein ! Parce
que moi, au niveau musculature, ça reste bien léger. Oui, faut reprendre le
sport, d’autant que fin juin, y’a l’évènement annuel dont je reparlerai.
Bref, avant d’être foncièrement interrompu par
moi-même, je songeais aux dégâts que ce petit gars aux allures de seize
dix-sept ans aurait pu faire si je lui avais essuyé mon pare-choc dessus ou
dessous (avec la physique des corps, on ne sait jamais trop).
Hormis le fait que l’écart soudain qu’il m’a forcé
à faire aurait pu m’envoyer dans le véhicule d’en face ou sur un quelconque
platane (le fait est qu’il n’y a pas de platane à cet endroit, disons un poteau
téléphonique), j’espère qu’il a bien repositionné son écouteur sur ses feuilles
de choux.
Parce que c’était bien ce qu’il était en train de
faire quand il a décidé unilatéralement de traverser hors des clous sans
regarder un instant d’un côté ou de l’autre de la trinité.
J’imagine que le rétroviseur droit lui a chiffonné le
blouson, que le souffle du véhicule a décoiffé sa mèche rebelle et que son cœur
s’est arrêté quelques secondes, au même moment que le mien, … puis s’est repris
à battre la chamade comme pour rattraper les pulsations perdues.
Je ne lui en veux même pas, tant qu’il ne
recommence pas. Enfin, je dis ça, c’est pour lui, parce qu’avec la tête en
moins, le lecteur mp3 hyper moderne que papa et maman venaient de lui offrir lui
serait moins utile, à moins que ce ne soit son unijambisme qui le gène pour
courir les filles plus tard.
P’tit con qu’il m’a fait peur. Et je ne me le serai
pas pardonné. Bien sûr. Parce que je me serai dit que tout ça aurait pu se
passer autrement si…
Et avec ces si tardifs, Paris aurait été mis en
bouteille.
Et on a beau être à 50 ou 40 en ville, face à
quelqu’un qui décide de traverser …
Tout ça pour dire que rien ne tient à grand-chose,
juste un fil tendu qui peut se détendre pour faute à pas de bol ou une
inattention qu’on a tous fait un jour, ou plus souvent encore.
C’est ma réflexion intelligente du jour ou ma
Lapalissade (ne vous plaignez, il y a des jours où j’en ai plusieurs qui me
viennent).
Reste que je partais d’abord sur une note
concernant le film d’Abdellatif Kechiche : L’esquive
qui a gagné plein de Césars (et je ne ferai pas de commentaire sur l’attribution
des récompenses sur le film, pourquoi celui-là plutôt qu’un autre… bla bla, c’est
facile de dériver).
Donc, il est vrai qu’il y a
quelque chose de frais dans cette représentation du film ‘cité’ qu’il ne faut
plus cataloguer. Je ne saurai l’exprimer sans qu’il s’en dégage tout un tas de
mauvaises interprétations.
Fi des critiques. Allez le voir si ce n’est déjà
fait pour vous faire votre propre opinion.
Y’a un truc qui fait vrai, sans exagération, sans
trop de soucis d’esthétisme démagogique autour de cette histoire d’amour.
Par contre, branchez l’accélérateur de comprenette
au niveau débit de paroles parce que les dialogues s’entrecroisent, s’entassent
parfois, se succèdent à une vitesse vertigineuse qui me renvoie en pleine poire
les difficultés exacerbées que peuvent avoir deux ‘tits jeunes qui tchachent sans
vraiment s’écouter.
Et c’est peut-être le début d’une explication.
Mais fi d’une analyse à deux balles, il n’en est
pas question.
Bon, tout va –très-, -trop- vite de nos jours.
Voilà, j’ai trouvé le lien entre mes deux histoires
du jour.
J’ai retendu le fil.