Descente ou montée
Les débats sur le référendum deviennent lassants. Non
pas qu’ils ne soient pas intéressants mais ils lassent de rabachage en répétition,
d’argumentations sans doute aussi bonnes d’un côté comme de l’autre.
Dire ‘oui’ n’assure rien, n’enlève pas toute
crainte.
Dire ‘non’ permettrait, en gros, la renégociation d’un
meilleur projet de constitution.
Quand je pense que les lois françaises ont tant de
difficultés à se faire appliquer, je m’interroge quant à l’aspect inéluctable,
inamovible d’un oui constitutionnel.
Il y aura encore maintes discussions sur autant de
sujets divers et variés.
Mon sentiment général est qu’il faut prendre le
train afin de gérer ensuite les problèmes un par un.
Il n’y aura jamais de satisfaction totale, cela n’existe
pas.
Il existe aujourd’hui une telle perte de confiance
dans la classe politique que toutes leurs propositions, quel que soit le niveau
(national ou européen) sont rejetés par réflexe.
Amusant dans le contexte démocratique, non ?
Bref, j’en viens au sujet délaissé qui fait braire
tant de salariés : la pentecôte.
Que la CFTC (syndicat chrétien) se secoue la
nouille sur le sujet en bavant un concept religieux n’est pas étonnant tout en
étant risible.
Que Jean-Marc Ayrault (président du groupe PS)
oublie sa signature sur une pétition validant la création d’une journée de
solidarité pour vilipender son application par le gouvernement de droite n’est
pas étonnant non plus.
Qu’on parle d’une journée de solidarité, qu’on parle de « responsabilité des français » sur le sujet, qu’on suppose une culpabilité
latente de tous ces salariés qui vont offrir leurs heures de labeur pour
personnes âgées et handicapées dépendantes commence à me pomper l’air dont ils
ont manqué.
L’argumentaire axé sur la fibre morale et sentimentale
des français est lassant aussi, pour nous tous qui avons, j’espère, le
sentiment (en moyenne hein !) de travailler courageusement pour un salaire
de misère).
Dans la société qui m’emploie (notez que comme dans
un entretien d’embauche, il ne faut pas dire : ‘dans ma société’, c’est
faux, sauf si on en est le patron, auquel cas, se trouver en recherche d’emploi
est plus rare (mais cela existe)), il y a eu une réunion entre responsables de
départements afin de déterminer si le jour convenable était ce fichu lundi de
Pentecôte ou si un autre jour serait plus adapté (après une consultation
minimum des équipes).
Au bout d’un quart d’heure de discussion, ce fut
acté pour ce célèbre 16 mai.
Décision prise. Point. Il y avait eu une consigne
nationale passée par un bulletin officiel, elle a été appliquée. Point.
J’ose dire que cela était à peu près le cas dans
les entreprises privées.
C’est hilarant de constater que la fonction
publique s’outre comme une barrique sur la réalité même de ce jour avant de trouver
l’organisation de sa mise en place.
La SNCF se sauve la mise avec sa minute et ses 52
secondes quotidiennes ajoutées (en moyenne sur une année, arrêtez donc de
rigoler comme des baleines. Au moins, eux, pour une fois, sont tombés d’accord
même s’il s’agit d’un gros flan).
Les syndicats enseignants attendent une grève de
leurs ouailles (j’ai dit : syndicat, je n’ai pas dit : ces fainéants
de professeurs, si vous ne comprenez pas, tant pis).
Les autres s’offusquent de cette obligation, de ce
viol de leurs acquis immémoriaux.
Franchement, tout ce qui est dit, avancé, rétorqué,
me gonfle comme une baudruche.
Alors messieurs dames, de gauche, de droite ou de
la Trinité, du public ou du privé, faudrait peut-être s’enlever les doigts du
trou de balle pour se gratter la tête un tout petit peu.
(Vous avez le droit de vous laver les mains avant).
Le refus de principe me gène car il n’est pas
constructif.
Les seuls doutes qui devraient subsister concernant
ce nouveau jour travaillé doivent être : « quelles seront les
preuves que cela sera utile ? »
Alors là, oui, j’ose espérer que si les éléments
sont clairs, personne n’ouvrira son bec.
Sauf qu’on en revient à cette méfiance naturelle
contre les politiciens aux belles paroles qui ne les respectent pas.
Alors faut-il pour autant ne rien faire et rester
statique ?
C’est la grande question basique des deux sujets.
La classe politique est aujourd’hui tellement
éloignée des réalités des électeurs que je comprends nos hésitations.
Alors quoi, c’est oui ou c’est non ?
Ben, en Normandie, on dirait, ‘p’têt bin qu’oui, p’têt
bin qu’non’.
Et puisque l’hypocrisie n’est pas de mise, je
voterai ‘oui’ pour l’un (je paye pour voir) et, si seulement 50% de ma journée supplémentaire
peut apporter de l’aide, ce sera toujours ça de gagner.
Cela fait longtemps que le manichéisme n’existe
plus.
PS: Pentecôte, descente ou montée ?
Bon, laissez tomber.