Sith j'avais su...
Le 25 mai 1977 sortait sur les écrans américains
l'épisode IV de la saga de Star Wars.
Le 25 mai 2005, je regardais l'épisode III.
Concours de circonstances ou lubie fanatique?
Les choses, le hasard fait bien.
Je laisse passer les désintéressés de la double
trilogie et vous dit à bientôt. Je n'empêche pas de maugréer ceux qui
confondent le marchandising et l'histoire racontée.
La 'guerre des étoiles', je suis un peu tombé
dedans quand j'étais petit. Tonton Georges m’a fait rentré dans l’aventure et je
mimais de centaines de fois les attaques spatiales et les combats au sabre
laser avec mes Lego. Je m’imaginais peut-être, bien que ma mémoire me défausse,
être un autre Jedi contre le mal.
Je décapitais les roses du jardin avec ma branche laser
hypermoderne, je passais en vitesse lumière pour mieux éviter le regard
inquisiteur de ma mère. Je rampais sur l’herbe sous le noisetier afin d’échapper
au garde droïde qui me suivait grâce à ses quatre pattes et sa truffe bionique.
D’une roulade alerte, je sautais sur mon spider
hypersonique et pédalais à me rompre les rotules.
N’importe quelle occasion était bonne pour faire
resurgir l’exemplaire bataille du Bien contre le Mal, pour lancer la machine à
imagination.
Mon regard sur la première trilogie a évidemment
été enfantin, basique, simpliste.
Je ne me suis jamais dit que les effets spéciaux
étaient mal réalisés ou pauvres, que c’était du bricolage puisque tout cela m’illuminait
les rétines.
Je ne me suis pas posé de questions sur l’évidence
de ce combat manichéen. C’étaient de sacrés films, et puis c’est tout.
Bien des années plus tard, je fus devenu grand.
La référence était toujours bien ancrée en moi.
Je commençais à me rendre compte de l’ampleur de la
tâche de Georges Lucas, de son projet fou, qu’il a fallu bien des efforts et de
la volonté pour mener à bien cette petite révolution cinématographique.
De l’argent aussi.
Alors évidemment, aujourd’hui, Georges croule sous
les dollars, crèche dans un ranch démesuré rappelant symboliquement son œuvre. Evidemment,
il profite de la manne de tous les objets dérivés qui nous rappellent le Monde
économique dans lequel nous surnageons.
En 1977, il avait parié sur son premier opus en ne
réclamant presque, justement, que la rétribution d’un éventuel succès et il a
eu l’idée géniale de développer l’univers qu’il a crée hors des salles, grâce
aux figurines et autres images. Nez fin le Lucas a eu.
Mais malgré tout cela, malgré tout ce qui nous
repousse un peu, de la même manière que nous pouvons maudire les dizaines de
points de ventes d’un parc à thèmes, il y a des histoires derrière.
Georges a inventé un univers comme l’avait fait
Tolkien (je sens mes poils de barbe roussir face à la trahison comparative. Pourtant,
j’adore Tolkien aussi).
Il ne faut pas chercher de points de comparaisons
techniques entre les deux trilogies.
Il y aurait pu en avoir une troisième, après l’épisode
VI, mais je la découvrirai dans les livres.
L’épisode I fut décrié car trop « gentillet »,
trop « Disney ». Certes mais il n’avait d’intérêt que de créer le
contexte.
Le II démarre plus vite et laisse apparaître le III
avec évidence.
Et le III, ben mes aïeux, c’est peut-être le
meilleur des six.
Mais je suis un convaincu alors les arguments sont
idiots.
Vous savez, les goûts, les couleurs, les filles…
Alors ce regard sur les I, II et III ?
Il y a bien plus de choses, bien plus de complexité
car j’observe les modèles politiques, les relations et ce qui en découle, je m’interroge
sur l’excès de nature humaine qui nous pousse aujourd’hui à nous mettre sur la tronche. L’amour, la
haine, les croyances. J’aime bien penser que les différentes interprétation de
la Force sont proches de ce que nous sommes capables de faire autour d’un
autel, en s’agenouillant devant un de ces Dieux.
Je repense à cet autre film d’anticipation qui
décrivait une société où les sentiments quelque qu’ils soient étaient
proscrits, car à l’origine de tous les conflits humains.
Cela parait un peu idiot de s’attarder sur un
scénario de pan-pan boum-boum mais la lecture des différents épisodes peut-être
double ou triple en fonction de l’âge du spectateur.
Et ça, pour ma part, c’est un signe de qualité scénaristique
énorme. Ou alors je suis complètement maboul d’aller chercher des
interprétations là où il n’y en a peut-être pas.
Bref.
Tout cela pour dire que finalement, dans ma petite
tête de grand enfant, je suis en train de réaliser que je suis humainement plus
proche du côté obscur de la Force et que je n’aurai pas fait un bon jedi.
Et ça, je ne l’aurai pas imaginé en étant petit.