Le jour où je ne prononcerai pas le mot
Le retour fut normal.
L’accueil classique. Un baiser complice entre un enfant qui
faisait la baleine échouée dans la baignoire et l’autre embrumée par une sieste
involontaire de fin de journée devant Dora l’Exploratrice.
Il était temps de passer aux choses sérieuses.
Je passe dans la salle de bain. Je me débarbouille le
nécessaire vital tout en conservant l’influx nerveux d’un musc masculin favorisant
la résistance à la pression.
Je déambule en short.
L’accoutrement s’expose sur le canapé. Pour plus tard.
C’est déjà l’heure du repas des fauves. Ils font la tronche de
ceux qui ne sont jamais heureux du menu mais qui dévorent tout de même.
En simultané, je numérise une K7 de l’Epopée. L’autre, ma
première. De 78 à 86. Avec Michel.
En ce moment, je ressors les vieux trésors pour leur redonner
une jeunesse exploitable. Quelques perles à commenter plus tard. Ici sans
doute. Des amis. Une troupe. Quelque chose.
La tension est palpable. Il fait lourd. Les murs de la maison
rayonnent encore de la chaleur de la journée.
Nous cueillons une courgette et je picore des tomates cerise.
Il faut faire passer le temps.
Les monstres sont couchés. Après les histoires. L’un s’abreuve
de dinosaures, l’autre de Tchoupi et Doudou.
Cuisine. Tarte aux courgettes prévue. Je beurre le moule.
JT de 20 heures bien amorcé.
Apéritif. Il n’y a pas de mal. Pendant que les glaçons fondent,
je regarde sans même trop critiquer les informations qui défilent.
Quelques anecdotes.
Il fait déjà bien sombre passées 20h30.
Il est temps. Tout est vert sur l’écran. Ça sent la Guinness.
Tout est fait pour exagérer.
J’enfile le maillot. Le bleu, avec les trois rayures rouges. Horizontales.
Comme en 84. L’hommage de 98. Mais il n’avait pas l’étoile quand je l’avais
décroché des rayons. Le principal n’avait pas été fait. Ni l’ogre jaune vaincu.
J’ai déjà chaud à l’intérieur.
Je reste debout.
- Ben, tu ne t’assis pas ?
Elle corrige des cahiers et feuilles à la grande table.
- Non.
- Pourquoi ?
- C’est l’hymne. C’est important cette fois ci.
Regard amusé, moqueur.
Je m’assoie enfin, les sillons sont prêts à être abreuvés du
sang impur.
En tailleur.
Je ne bouge plus. Tant que le résultat est favorable, il ne
faut pas bouger.
Il suffirait de changer de position pour que tout change superstitieusement.
Fourmis et courbatures.
Je râle plus fort qu’à l’habitude.
Mi-temps. Occupations.
Le même stress qu’il y a longtemps. Bouilloire mentale.
68ème.
Je l’avais vu à côté.
24 minutes pires qu’avant.
Enfin, je lève les bras. Je suis tout seul dans le salon. Le
chien ouvre un œil torve se posant quelques questions.
Je lui réponds qu’au lieu de me regarder « bêtement »,
il ferait mieux de ne pas faire le tractopelle sur la pelouse.
Je lis un peu avant d’éteindre. Pour se détendre.
Ce matin.
J’apprends que la main sur le cœur. C’était un canular de chez
rires et Chansons. Le capitaine avait été fourvoyé en croyant avoir été en
contact avec le Président de l’hôpital.
C’est amusant. Peu importe.
Tout est un continuel recommencement.
Mais il ne faut pas rater le début d’été prochain. Non, il ne
faut pas.