Le jour où le monde s'écroule (de rire)
Pendant que je me refuse à débattre tout seul autour de sujets
aussi navrants que les grévistes de la SNCM et/ou du futur 4 octobre, pendant
que le Salon international des produits de luxe se tient à Moscou, pendant que
personne ne veut trouver cette solution humaine ou/et efficace contre les
violeurs et/ou meurtriers récidivistes, pendant que l’Allemagne se découpe en
deux comme au bon vieux temps d’avant (analogie déplacée sans nulle doute
idiote), pendant que sautent les bombes, pendant que le gouffre de la sécu est
béant, pendant que Big brother Microsoft se tourne sérieusement vers la Chine,
pendant que des villes sont sous les eaux et que des cabanes peinent à se construire
en Asie, pendant qu’on se regarde le nombril pour ne pas agir sur quelque
chose, pendant cela et bien encore plus, des blogs s’ouvrent à la dizaine
toutes les secondes.
Des blogs intimes qui ne durent que le temps d’une note et qui
n’empêcheront pas des adolescents de se balancer du dernier étage de leurs
immeubles parce que la vie ne vaut pas le coup.
Des blogs appelés pour adultes pour faire sérieux qui ne prêtent
plus à rire tant le marché du cul gratuit s’immisce partout là où il y a un
interstice.
Des blogs magnifiques de photos, de reportages, des blogs
constructifs de classes, d’établissements avec des projets, des blogs qui
tentent des histoires, certains qui se racontent des histoires, des blogs qui
parlent de tout et de rien, de ce qui nous entoure, de tous les Arts, de toutes
les musiques, de bricolages, de tricotage, de sports.
Des blogs avec des mots d’amour, des poèmes, des déclarations, des
cris de joie, de haine, de colère.
Des blogs qui font rire à pleurer.
Et il y a des gens derrière qui font cela pour rien, d’autres
qui croient que c’est « tout » qui s’offre à eux grâce à leur outil
de communication moderne.
Il y a des gens de tous âges. Des idiots, des gentils, des
grandes et des grosses têtes, des petits, des longs et des larges, des à
lunettes et d’autres à lentilles.
Il y a des gens de tous lieux. De France et d’ailleurs. D’à
travers les océans et les déserts.
C’est fou.
Je crois qu’on nage en pleine liberté d’expression. Peut-être
est-ce un leurre, une inutilité créatrice développée par les gouvernements pour
servir de soupape aux trop bavards qui ne se retrouvent plus sur une barricade.
Les blogs ne sont plus réellement gratuits aujourd’hui.
Parce que le système les veut et s’en sert.
Pourtant tout cela est ridicule.
Et puis pas tant que cela en fait.
Puisque la bulle prend de l’ampleur toute relative.
Une fois qu’elle aura dégonflée ou qu’elle se sera métamorphosée,
il restera toujours les petits ou grands scribouillards, ceux qui écrivent sans
prétention et qui continueront de regarder les autres agités qui se débattent.
Il n’y a pas de mal à n’être qu’un scribouillard sans
prétention.
Et pendant qu’il écrit, l’individu ne pense pas à l’autre
univers qui croule.
Et parce que l’humour est une force, la dérision et le cynisme d’autres
atouts déclaratifs, parce que je crois les avoir égarés ces derniers temps aux
dépens de parasites fonctionnels, je vais louer ces distributeurs de sourires
que je collectionne dans la bulle.
Parce que c’est rare d’avoir cette qualité immense de savoir s’extirper
de son quotidien pour accéder au rire.
Et d’en faire profiter les autres.
C’est le moment de dire merci.
Merci.