Béâtitude crétine
Remettons nous y, doucement, une paupière après l’autre. Ouverte
sur la vie, ne confondons pas.
Et c’est étrange, j’aurai une fâcheuse tendance (ceux qui ont
eu l’occasion de monter dans le train de la discussion houleuse avec moi me
suivront) à être du genre mord pion, même dans l’échec.
Je m’enveloppe jusqu’à admettre à mots cachés que, éventuellement,
peut-être, il se pourrait conditionnellement que j’eusse tort.
Cet acharnement thérapeutique qui se veut remplir mon bol de confiance
personnelle ne m’est pas jamais utile tant que je n’ai pas défini la voie. Et pour la suivre,
j’attends trop la voix.
C’est ainsi que je peux ensuite me complaire d’être
sous-exploité car je ne me donne pas les moyens de profiter réellement de moi.
Un flexe qui peut être ré et con à la fois.
Et pourquoi ma bonne dame.
Mon éducation ! Puisque je vous le dis. Ma bonne éducation
qui ne bouscule pas les convenances malgré quelques rots verbaux et quelques pets
épidermiques de défense. Mon univers mental est dans un bocal plein rempli à la
surface duquel, de temps en temps, explosent des bulles grossières venues des
profondeurs.
Connaissez vous le minimum syndical ? Ou bien, plus à la
mode, le service minimum. Mes études étaient de cet ordre là. Quantité de
travail suffisante afin d’obtenir la moyenne nécessaire. Alors bien sûr, il
peut exister des erreurs d’appréciation, c’est tout un métier d’évaluer visuellement
un volume par rapport à un récipient : redoublement d’une seconde et un plus
tard bac mentionné, redoublement d’une année de fac –merde quoi, je vous
prenais tous au tarot ou à la belotte en milieu hostile sentant la fritte- et plus
tard licence mentionnée. Et puis quoi ?
Puis, je ne me suis pas donné les moyens de démarrer haut ni de
faire ce que j’aimais alors je suis parti de plus bas là où je ne savais pas ce
que j’aimais. Et puis plus tard, que fais-je aujourd’hui avec ce titre étrange
(à faire rigoler) dont le mérite est contestable.
Et je ne me plains pas. Non, ce ne sont pas des plaintes. Puisque
je vous le dis ma bonne dame.
Etre moyen sans les moyens, c’est presque une devise. Le temps
passe pour faire oublier certains regrets.
Auto persuasion, méthode coué, me voilà.
Un sourire béât (comme dit mon père, le sourire béât du crétin satisfait) illumine mon visage.