Les blancs de la retraite
L’actualité me rappelle que la retraite sera dans mon cas dans
trente ans (plus ou moins cinq ans avec la prochaine réforme peut-être, ou dans
moins de trente ans avec les résultats du loto). Il s'agit du marronnier de la rentrée.
Les trentenaires d’aujourd’hui et les générations suivantes
(pardonnez la généralisation) seraient utopiques de compter sur le régime de
retraite.
Donc, il faudra faire le nécessaire avec les moyens du bord. C’est
une donnée que nous gardons en tête, sans satisfaction mais par obligation. Cette
une donnée qui risque aussi d’accentuer les inégalités.
Aucune réforme qui viendra après ou avant une période
électorale n’améliorera la
situation. C’est arythmétique à cause de la pyramide des âges.
De plus, avec la durée de vie qui augmente, c’en serait presque logique.
Je suis formaté depuis la fin du lycée à penser : au moins
65, sauf si je me débrouille et avec de la chance.
Donc, rien ne me choque. Je ne suis peut-être pas le seul.
L’apprentissage du monde professionnel avec l’absence d’assurance
du travail du lendemain ou presque forge cette drôle de carapace avec panneau d’affichage
qui clignote : « On verra ».
Il ne s’agit même pas de fatalisme mais de réalisme pour une société
qui a évolué depuis 40 ans. Penser à travailler, bien vivre d’abord. Enfin, en
ce qui me concerne.
Bien entendu, en parallèle, il y a les régimes spéciaux de
retraite, comme avantage parmi d’autres de certains secteurs publics.
Ce sont eux dont on se fera rabattre les oreilles par discours
syndicalisés et grèves excessives.
Je vais encore entendre tout le bien que veut m’apporter un
cheminot CGT de la SNCF en se battant contre leur réforme. Cela va encore m’agacer.
Les syndicats publics autoalimentent aujourd’hui la
justification de leur existence (en perte de vitesse) par un battage médiatique
qui fait croire que le peuple est derrière eux alors plus personne ne se reconnaît
dans un combat absurde.
Quel parallèle édifiant avec les castes politiques aussi éloignées
des réalités des électeurs que de leurs derniers diplômes d’Hautes Ecoles.
Il se pourrait donc que je haïsse autant la droite, la gauche
et les syndicats.
Mais pour revenir à nos retraites, il faudra bien se rendre à l’évidence
que les avantages des uns n’aident pas les problèmes des autres, qu’il est
naturel que les décrets, les lois, les conventions évoluent avec le profil de
la société, avec le temps et les hommes.
Il y aura toujours certains qui gagneront cent fois plus que
les autres, d’autres à la rue.
L’égalité ne sera jamais respectée. Obliger un cheminot à
travailler deux ans et demi de plus pour la collectivité n’enlèvera pas les
millions d’euros des patrons qui externalisent leurs activités en Asie. Non. Mais
ce n’est pas le sujet.
Nous ne sommes plus du même Monde.
Il est vrai aussi qu’un homme politique ne va pas non plus
couper la branche dans laquelle est taillé son fauteuil en chêne.
Mais les inégalités persistent entre gens normaux, salariés,
entre public et privé avec justification souvent.
Mais Messieurs les cheminots, par exemple, êtes vous capables, en
me regardant dans les yeux de me rappeler pourquoi ce régime spécial avait
été négocié il y a si longtemps ? Pourquoi était-il adapté avant ?
Et surtout, en quoi celui-ci serait encore d’actualité ?
Donnez moi simplement une seule raison.
Même les dinosaures n’ont pas pu survivre aux modifications de
leur environnement.
Alors un cheminot, pensez-vous, s’il n’essaye pas de s’adapter
avec équité et intelligence…
(Et même mon fils comprendra la métaphore avec le dinosaure. Il faut que je l’intègre à la réflexion, c’est bien lui qui paiera ma retraite)