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Le Bar Nabé
27 janvier 2007

Simplement

Si je sortais mes photos de mariage, je reverrai ce petit homme barbu qui nous a unis.
Il ressemble à l’abbé Pierre, il a parcouru des bouts de Monde pour aider, sans prétention, puis s’est retrouvé dans cette paroisse de Seine-et-Marne à l’aube de sa retraite. 

Nous cherchions l’église qui nous plairait. Nous nous sommes arrêtés parce qu’elle avait un air normal, pas de ces bâtiments bétonnés aux contours carrés ou rectangulaires, et elle avait du lierre qui lui grimpait au clocher.
Nous ne savions pas si le curé nous accepterait. Ils sont capables d’être si intolérants parfois à cause d’une mauvaise adresse, d’une mauvaise motivation ou de mauvaises têtes tout simplement.
La frustration d’une religion inconsidérée ressort parfois par ses pères.

Un rendez-vous, une première rencontre avec l’homme en beige, humble, souriant, accueillant.
Quelques pourquoi vite dissipés et tout pouvait se dérouler avec simplicité.
Nous parlions librement sans dissimulation, sans recherche de justification évasive, en confiance.
Je l’appelais ‘mon père’ aisément. Il a le même prénom que le mien d’ailleurs. Quelqu’un de bien donc.
Comme l’abbé, il avait retenu de la religion l’essentiel. Et cet essentiel se traduisait dans son comportement. Des évidences d’humanité qui, au bout du compte, n’ont rien à voir avec un Dieu.
Pour être bon, il faudrait être homme de Dieu. Idée préconçue et pas forcément vérifiable.
Sauf pour l’abbé Pierre, et le père Michel Guy. 

Alors il nous a marié, il a baptisé l’aîné.
J’ai une grande tendresse pour lui, de ces personnes qu’on croise dans une vie et qui la marquent, qui créent un manque une fois parties, qui rassurent dans l’humanité de son prochain.
J’en suis persuadé, il ne s’agit vraiment pas de dogme religieux ici, de commandements, de livres de loi. Juste le bon sens de la Vie.

Alors puisque cela devait arriver, évidemment, le départ de l’abbé Pierre ne me laisse pas indifférent, évidemment encore.
Je disais, un soir de la semaine, que ces gens là ne seront pas remplacés. 

Pendant une de nos réunion de préparation de mariage, pas de celles qui se déroulent en groupe, pas de celles qui sont administrativement dirigées, j’essayais d’expliquer mon pourquoi du mariage à l’église.
Nous étions trois dans ce minuscule salon aux couleurs assez sombres, aux papiers peints anciens, à la table grinçante et aux vieilles chaises en bois, à discuter de nous.
Le temps vorace avait fait partir ma grand-mère quelques mois auparavant. Malheureux coup de pouce qui me prouvait que tout était compté si je n’avançais pas.
Tic tac. Tic tac.
Essayer de ne pas gâcher. Difficile de s’en souvenir tous les jours. 

Le 15 mai 1999, d’un autre siècle, je sus qu’il avait tout compris. Il savait également qu’il ne fallait pas trop insister sur mémé afin que je ne présente pas un regard de lapin albinos pour les photos sur le perron de l’église. Il nous faisait un clin d’œil, il était devenu complice avec une sagesse incroyable. 

Il est temps encore qu’il reçoive nos meilleurs vœux dans sa maison de petite retraite de Gironde.

 

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Commentaires
L
En plus, dans sa petite maison de retraite en Gironde il va pouvoir profiter de sacrés bons vins de messe !<br /> :-)
A
Comme tu dis, il y a des rencontres dans une vie, hors de tout dogme, qui la changent et parfois la rendent meilleure.<br /> <br /> C'est une jolie histoire que l'une des tiennes ait présidé à votre mariage !
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