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Le Bar Nabé
18 février 2007

A l'air de rien

Il y a de ces chansons qui invariablement nous ramènent quelque part.
Il suffit de s'y replonger par accident pour voir d'où l'on vient et ce qui fait qu'en fait, on est là.
Il peut y avoir Même si de Lavoine qui m'envoie en 93 et en Espagne parce qu'à travers des paroles presque non dites, un message passe plus facilement avec la manière.
Veiller tard de Goldman m'enferme dans cette petite pièce à côté de ma chambre d'adolescent. Il n'était pas si tard que ça, à ce moment là, pour veiller, mais il y avait de quoi.
Une vieille des Red Hot vole au dessus de la plage de Lacanau parce qu'un été, un seul été.
Avec Tu ne me dois rien d'Eicher, j'ai enfin compris que des chansons pouvaient venir au bon moment, enfin, juste un instant.
Une autre au bout d'une frustration amusante. New Year's Day dans un appartement à haut plafond et au vieux parquet. Mistral gagnant sur le tard parce que ma fille, Voilà, c'est fini d'Aubert parce ce que c'était fini, Week-end à Rome parce que je me le suis promis depuis longtemps.
Orly parce qu'il y a rarement mieux. Enfin pire.
La découverte de The Wall et de Supertramp dans la même chambre d'un pote.
Aretha Franklin pour traverser le pont de l’île, un Message in a bottle en passant par Grenoble.

Associations d’images et de sons, propres films.

Et je reviens toujours à With or without you. Basse qui accompagne la douce rythmique de la batterie, puis qui l’étouffe, Bono qui démarre. Si l’on ferme les yeux, il y a toujours la basse, lancinante, essentielle, énorme. Tout monte en puissance, doucement. La batterie reprend sa place, de concert, Bono élève la voix, la guitare entre en scène par à-coups. Tout est là, simplement.
A deux minutes et cinquante secondes de la version album, Bono pousse with or without you, I can’t live with or without you. A trois minutes et cinq secondes, cordes et peaux sont tendues, le volume augmente inéluctablement. A trois minutes et une quarantaine de secondes, l’orage se calme, s’éloigne pour laisser une traîne musicale parfaire à l’aube de la cinquième minute. Et là, j’aimerai que tout continue.
Et je l’écoute en boucle. 

Plus tard, je saurai que ce sera mon père avec la chanson Rouge parce que nous nous regarderons toujours d’un œil et d’un sourire complice en coin.
Et toutes ces paroles, infernales, classiques ou non, entendues, cent fois ou moins depuis une trentaine d’années.
Celles croisées sur un contexte il y a vingt ans, perdues dans l’intervalle immense, mais qui reviennent à la mémoire dès l’air tombant par hasard sur les ondes.
Tous ces mots, ces centaines de phrases plantés en tête dont on se souvient bien mieux que les poésies de

La Fontaine

de l’école primaire, que ces cours, ces lectures obligées, comme si les chansons se réservaient un endroit précis dans nos esprits, bien à l’abris de l’assaut des âges qui filent.
Comment est-il possible de faire revenir tous ces vers à la surface dès la moindre impulsion.

Rien ne se perd.
Au fond. Plongez dedans.

 

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Commentaires
P
On aurait dû mettre les fables de la Fontaine en musique.
A
Oui c'est fou comme nos juke box intérieur nous servent aussi de baromètre, de calendrier...
4
Si le silence est d'Or,<br /> La Musique en est le bijou.
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