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Le Bar Nabé
11 septembre 2004

Le 11, définitivement

 

Dans un an, je ne me rappellerai sans doute pas que j'avais travaillé en ce 11 septembre 2004.

Un samedi pourtant, mais exceptionnellement, c'est aussi agréable d'être au calme, Stephan Eicher peut s'exprimer sans déranger mes collègues.

Il fait encore beau pour ce samedi de septembre. Il faisait beau aussi il y a 3 ans.

 

« Une belle journée, un matin clair, sans nuage à l'horizon,

Et demain j'espère, ne fera pas exception. »

 

Ils avaient raison de dire que le monde avait changé après.

Pourtant, c'était difficile de l'imaginer que le monde pouvait changer comme cela. L'humanité avait modifié le cours de son temps.

Qu'était-ce donc à l'échelle de l'Homme ? Un éclair qui traverse les soubresauts d'une Terre à peine bouleversée.

 

A mon échelle, celle d'un simple homme.

 

« J'y veillerai, je suis sincère, je n'ai pas d'autre ambition,

Rien ne peut jeter à terre un brave homme dans sa maison. »

 

J'ai été jeté à terre le 11 septembre 2001. Je sortais d'un déjeuner avec un quelconque fournisseur, un de ces déjeuner où des gens se parlent de tout et de rien et ne se connaissent pas. Deux ou trois heures qui s'écoulent par politesse. Vers 15h nous sortions du restaurant du côté de Gonesse.

J'ai repris la route pour le bureau, il faisait beau, j'étais bien.

 

« Sauf le démon,

Qui sommeille en toi,

Qui sommeille en moi,

Qui sommeille en nous. »

J'ai sommeillé jusqu'à 17h. Une rumeur traversait cette petite entreprise familiale de Seine-et-Marne. Le fils du patron est descendu, l'air étrange, nous informe qu'un avion s'était écrasé sur les tours.

Les informations étaient incomplètes et se sont accumulées.

La troisième guerre aurait pu démarrer, nous n'avions aucun élément pour le contredire.

Une tour s'écroule.

Non, les deux. Un autre avion.

Le Pentagone. On ne sait pas, on ne sait rien. Pas une radio.

Internet est saturé, aucune connexion possible.

Que s'est-il vraiment passé ? Je n'en sais rien mais des frissons me parcourent l'échine. J'ai peur.

Je pressens quelque chose de très grave. Curieuse impression.

 

« Franc comme l'or, dur comme la pierre, notre soc fend le limon,

Au lit nous savons quoi faire sans conseil, sans permission. »

 

J'appelle mon père, il m'explique froidement comme il sait le faire. J'essaye de percevoir un tremblement de voix, s'il existe, il est faible. Je pense à ma famille. Je n'ai qu'une envie, les serrer dans mes bras, pour me rassurer.

18 heures passées, je peux enfin m'abreuver d'informations dans la voiture. Les informations sont continues. Les tours se sont vraiment écroulées, on parle de milliers de morts, 15000, plus peut-être. Mais tout se mélange les commentaires se succèdent pour parler de tout et de rien.

Il y a un moment sur le trajet où je suis ailleurs, où le temps ne s'écoule plus de la même manière.

 

« Quand le fruit n'a aucun ver, il ne craint pas l'infection,

Rien ne peut ouvrir la Terre sous les pieds de la raison. »

 

J'arrive, j'ouvre la porte, je vais vers mon fils et le sert très fort dans mes bras. Il a un an et ne sait rien, il est innocent de la vie qui l'entoure. Il a la fraîcheur et la pureté, il a l'optimisme de l'ignorance.

Je pense et lui murmure à l'oreille ma crainte. Il n'a pas compris que je me demandais dans quel monde nous l'avions fait naître, qu'il ne méritait rien d'autre qu'une vie d'enfant loin de la fureur des hommes.

Je demande à ma femme si elle est au courant. Elle ne comprend pas ma question. Je ne lui dis rien, je ne sais pas grand-chose finalement. J'allume la télé.

 

Les images ont commencé à nous agresser. Cela a duré des jours durant.

Je me souviens que mes yeux étaient au bord des larmes. Je ne comprenais pas et j'avais toujours peur.

L'horreur défilait comme un film à grand spectacle que n'aurait pas renié Hollywood.

Les événements passent en boucle, les images sont disséquées sous tous les angles.

Je ne peux m'empêcher de regarder, de me détacher de l'écran. Je suis absorbé par l'Histoire qui est en marche.

 

La catastrophe du 11 septembre 2001 a déjà été dénaturée par l'homme lui-même. C'est devenu un symbole, un argument, une excuse.

Dans quelques dizaines d'années, je me souviendrai toujours ce que je faisais ce jour là. Je saurai que bien d'autres évènements se sont succédés à partir de cette étincelle.

Le 11 septembre sera une ligne dans les manuels d'Histoire, d'économie, on en parlera comme on parle de choses qu'il ne faudra pas oublier.

J'espère qu'on ne se perdra pas en explications autour.

 

« Mais n'y pensons pas, ça vaudra mieux,

Et ne tremblons pas, ce n'est qu'un jeu. »

Toutes mes excuses à S Eicher d'avoir détourné des paroles d'histoires d'amour.

 

Vous pouvez vous souvenir et le dire à Ghalys.

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Commentaires
B
souhaitons ne pas oublier...
J
Au lieu d'écrire, tu veux pas t'occuper du bain de la progéniture ?
F
une pensée également pour ce jour .....
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