Confit (de cul) ture
N'ayant pas trop envie de vous faire partager mon dimanche normand où j'ai passé autant de temps à table qu'en voiture (soit environ 5h de chaque), je vais vous faire partager mon pot de confiture.
L'expression culinaire est connue pour imager la culture.
Et comme, ma culture générale, celle qu'on apprend dans les musées, dans les beaux livres et sur les chaînes télévisées qui ne vivent pas de foot ou de pub pour boissons gazeuses, n'est pas très étendue, j'en profite dès que j'en tiens une louche.
J'ai pu remarquer que lorsqu'on me parle d'architecture, d'histoire ou de sciences sociales et politiques, voire de littérature, je réponds le plus souvent par Platini, sauce bolognaise, plante verte et Zézette épouse X.
Alors, bon, faut s'y faire, dans les discussions de salon, entre deux verres de Martini et un toast aux asperges, je n'ai aucune chance.
Source officielle : Eric Roux dans le Grand Bazar sur RTL2
Je vous passe les réflexions sur mes sources, pas la peine d'être désagréables. Merci.
Quelle est l'origine du croissant du petit déjeuner ? Hein, je vous le demande.
Je vous raconte l'histoire.
Cela se passait en l'an de grâce 1683, à l'époque où la France enterrait Jean-Baptiste Colbert qui fut un glorieux Premier Ministre de Louis le quatorzième.
Cette même année, le Louis XIV, veuf du 30 juillet, épousa Madame de Maintenon en secrètes noces le 10 octobre et on comprend aisément qu'il fut plus intéressé par les jupons en parasol de la dame plutôt qu'à aider les autrichiens à défendre Vienne.
Parce que, oui, Vienne était assiégée par les turcs.
Les ottomans, aussi ingénieux qu'un locataire de la prison de la Santé, décidèrent de creuser des tunnels afin d'écourter le siège de Vienne. Les viennois, eux, voyaient poindre la famine du haut de leurs murailles.
Pendant la nuit, il se passait deux choses : les turcs creusaient et les boulangers boulangeaient.
Devant leurs fournils et face au silence de la nuit, les boulangers ont entendu des bruits étranges qui semblaient venir de dessous leurs pieds. La garde fut appelée à la rescousse et repoussa les assauts des fourbes taupes avec une précision d'horloger. La garde qui ne la baissait pas, assommait une taupe à chaque top.
La bataille du sous-sol fut gagnée en chantant (de la même manière que je repassais mes leçons quand j'étais petit garçon, en chanson).
Une vraie mélodie en sous-sol.
Pour l'anecdote, le roi de Pologne envoya 25000 hommes en renfort pour aider les autrichiens.
Donc, les turcs repartaient chez eux.
Pour fêter la victoire et récompenser les boulangers, le souverain autrichien, un peu moqueur, décida la fabrication d'une pâtisserie devant immortaliser l'évènement.
Une pâtisserie en forme de croissant que les viennois mangeraient, l'air guilleret et goguenard en pensant au drapeau turc.
Que ne sont-ils pas espiègles et facétieux ces viennois !
C'est ainsi que nous mangeons, l'il torve d'un réveil trop matinal et l'haleine fétide de la nuit, un croissant malicieux aux origines historiques.
Ça vous en bouche peut-être un coin en même temps que cela vous en bouche un petit creux.
Profitez en pour vous dire avec joie que les viennoiseries sont issues de tout cela. Amusant non ?
Non ? Bon tant pis.
Et prune sur le bateau (alternative à cerise sur le gâteau), c'est l'autrichienne atteinte d'Alzheimer qui introduit le croissant en France à l'époque de Louis XVI (soupapes).
Marie-Antoinette importa la pâtisserie avant de perdre la tête définitivement. Son utilité sur le coup mérite le respect.
Voilà les enfants, j'ai étalé ma confiture de culture comme ma femme étale la sienne aux mures sur ses croissants.
La boucle est bouclée.
Bonne semaine à tous.
PS: Vous noterez que, malgré un titre discutable, cette note reste d'une sobriété de dromadaire.
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