Voyage(s) (1)
Le wagon a commencé à vibrer à 7h25. J'avais traversé la banlieue par les tréfonds du Val d'Oise.
La nuit est encore belle même si la météo se prête au jeu de décembre avec une petite pluie fine qui ne semble jamais vouloir s'arrêter.
De fines gouttelettes ruissellent sur les carreaux du TGV. Il est des moments où l'on aime regarder les caprices du temps à travers une vitre protectrice.
Jusqu'à la gare, en longeant la forêt, le vent se levait en provoquant ce bruissement sourd dans les branches dénudées. A forces de vagues successives, le son se rapprochait de moi réveillant des peurs primales enfantines. Je me revoyais courir en tentant de fuir ce monstre logé dans l'obscurité. Un craquement et il approchait.
Il n'y avait personne dans les rues alors que l'horloge n'avait pas encore sonné 6 heures.
Quelques maisons s'illuminaient déjà de la fête à venir. Un père Noël s'agrippait tant bien que mal à un toit, à l'assaut d'une cheminée dans laquelle son ventre rebondi de mousse aurait bien des difficultés à passer.
Des reflets scintillaient sur les arbres d'un jardin proche, des clignotements colorés s'activaient déjà au travers d'une fenêtre d'un salon. Les rideaux laissaient deviner la forme particulière du sapin.
Pendant le trajet en RER, je croisais les regards hagards d'autres passagers perdus dans leurs pensées de l'aube.
Le miroitement de l'intérieur du compartiment qui se reportait à travers les grandes vitres me donnait l'impression d'un train fantôme qui flottait juste à mes côtés, à l'extérieur.
A travers le reflet des sièges vides circulaient les rails de la voie voisine.
Le TGV est lancé désormais. Je suis bien installé, je n'ai pas froid mais mes yeux sont un peu lourds du sommeil interrompu.
Nous sommes le 24 décembre.
Je repense à la gare de Lyon, à
J'avais oublié comme les filles étaient belles à Paris.
Je prends un café toujours hors de prix et brûlant. Je ne trouve pas le magazine recherché dans les relais à journaux.
Voilà, c'est
Le train va partir dans quelques vingt minutes.
Je retrouve les mêmes images qu'il y a longtemps sur les quais.
Les familles qui se séparent, des sourires, des silences, des stressés, des gestes de la main, des inquisiteurs, des regards curieux, attentistes, des patients, des véloces, des amoureux, des seuls, des déjà en sueur, des endormis.
La foule est passionnante et foisonnante. Le genre humain est si particulier.
Le TGV roule à grande vitesse maintenant, la cabine effectue quelques mouvements latéraux en douceur. Je file vers le Sud. C'est la première fois que je passe un Noël hors de ma région natale. A 33 ans, il n'est pas trop tard.
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