Lutter pour attendre...
J’va vous causer d’un phénomène redondant chez moi : mon
attitude antisociale envers certaines institutions.
Nous y allons par petites touches mais en suivant une ligne
droite bien tracée : l’ouverture des marchés publics.
Alors que les tunnels sous les Alpes se bouchent les uns après
les autres et que les vallées râlent et suffoquent, nous nous étonnons encore
que le ferroutage ne soit pas une mesure gouvernementale obligatoire pour la
sécurité des routes et de l’environnement.
Il en faudrait des révolutions de services pour que le rail
transporte un jour sérieusement ces centaines de millions de tonnes de camions
aux essieux inflammables.
Il faudrait que le gouvernement (pas de distinction de couleur)
dise : « Maintenant, assez joué, les entreprises ont l’obligation
de passer par le ferroutage ».
Les entreprises diront : « Oui… mais non, car
nos ne pouvons soumettre notre activité –vitale- aux mains de syndicats
frivoles de la SNCF. Il suffirait de bloquer les trains pour bloquer le pays encore plus facilement (et
notre entreprise). » Classique non ?
Et cela même si les offres Fret se multiplient.
La dangerosité de la situation rend les partenaires très
soucieux et frileux à s’engager dans l’aventure.
Ce n’est sans doute pas la seule raison car il faudrait bien sûr
des investissements importants pour aménager une logistique efficace, mais ce n’est
pas la moindre.
Que les pros SNCF ne s’offusquent pas, je n’ai pas remis en
cause le droit de grève. Tout juste son application me fait braire, mais ce n’est
pas le sujet.
Donc, nous y viendrons à la location du réseau ferré aux autres
entreprises comme France Telecom loue une partie de son réseau historique aux
autres opérateurs.
Et forcément, je ne serai pas mécontent dans l’absolu, d’une
mise en concurrence de la SNCF avec d’autres prestataires européens. Il suffit
de voir comment France Telecom se montre un poil plus commercial et plus
avenant envers ses clients aujourd’hui (je sais, il y a encore du boulot en la
matière).
Même s’il a été prouvé dans d’autres pays que les réseaux
privés fonctionnaient mal et que leur sécurité n’était pas aussi bien garantie.
Et dans une poignée d’années, c’est La Poste qui s’y colle.
Nous aurons le choix dans la distribution du courrier. L’entreprise
nationale s’y prépare avec la fermeture des bureaux non rentables, l’ouverture
de ‘Points Poste’ dans les villages reculés des Causses ou de l’Ardèche et sa
modernisation.
Et quelque chose me dit que mon ‘tain de postier de mes deux
aura des comptes à rendre et arrêtera de déposer mes colis remplis de bouquins sous
la flotte au dessus de la boite aux lettres à la portée du premier gamin de 6
ans venus pour ne pas avoir à le ramener à l’agence (le colis, pas le gamin).
Car dans ce genre de situation, une remarque à l’agence ne sert
à rien et une remarque à l’intéressé aggrave la situation car le monsieur
connard est susceptible.
Et peut-être aussi que certains agents derrière leurs comptoirs
ne me feront pas faire 80 bornes pour retirer 150 € de mon Livret A (héritage
familial que ce célèbre Livret A) parce ‘ce n’est pas l’heure’, parce que ‘fallait
prévenir’, parce que ‘ce n’est pas ici’, parce que ‘ce n’est pas moi, c’est mon
collègue et mon collègue, il est pas là’…
Et toutes ces constatations, je vous assure les vivres
personnellement et professionnellement, là où j’ai tendance à être beaucoup
moins compréhensible pour le bien de ma mission, elle, d’intérêt privée.
Alors quoi, faut-il s’étonner pour que j’en sois à remettre en
cause notre cher service public, d’autant plus dans ce cadre de services là ?
(Il ne s’agit pas de notre système social ici).
Mais je vais paraître comme celui qui voit le bien chez les
autres mais pas chez soi.
Mais je vais être cet être méprisable qui veut lutter contre
les fonctionnaires.
Il faut peut-être arrêter de se dire qu’un système fonctionne
parce qu’il emploie des milliers de gens.
Il faut peut-être se demander quel est le moyen de rendre le
service plus efficace avec les mêmes moyens non ?
Avant qu’il ne soit un poil trop tard.
Parce que l’ouverture des marchés publics et les
privatisations, on y va. Parce qu’on ne sait pas apprivoiser le mammouth.
Et franchement, si j’avais à prendre une décision à propos de
la mise en concurrence de La Poste ou de la SNCF, je n’hésiterai sans doute pas
longtemps.
Alors ?
Et bizarrement, avant toutes propositions du nouveau gouvernement (enfin, nouveau, nouveau… je sais bien…), les syndicats hurlent déjà au viol du modèle social français et de son Code du Travail. C’est sûr, on avance…