Expériences
La première fois, ce fut presque agaçant.
Ce genre d’énervement qui vous suit de journée en journée, qui
vous fait monter en sauce ou en chantilly selon le degré de secouement.
Jusqu’au jour où, n’en pouvant plus, il fallait que ça sorte,
expulser ce trop plein.
Je ne contrôlais alors pas tous les éléments. Il y avait plus d’instinctif
que de réflexion. Sans doute trop tôt.
La deuxième fois, c’était plus réfléchi, plus posé. Normal,
dira t’on, l’expérience.
Logique donc que j’ai agi avec un certain calme qui me
permettait d’assurer les faits. Je crois qu’on en sort alors bien plus fier et
qu’on se soulage avec plaisir.
Respectable.
La troisième, je la travaille encore au corps parce qu’il y a
des limites morales à ne pas franchir.
Allez savoir pourquoi, dans ce monde dissolu, je me suis fixé
certaines règles que j’essaye de respecter pour pouvoir être droit.
Une sorte de rectitude associée à une rigidité.
La première fois, j’ai simplement signifié au Directeur Général
et à ce ‘tain de Directeur Commercial que je détestais être pris pour un con,
mais j’étais jeune, influençable et risible presque.
Je suis parti.
La deuxième fois, je me suis planté devant le PDG, je lui
expliqué pourquoi je considérais qu’il était un menteur (véridique) et que ma
mission ne pouvait pas supporter son attitude.
Je suis parti.
La troisième, j’y vais tout droit puisque je suis décidé
officiellement depuis hier à me placer sur le marché de l’emploi suite à une
discussion enrichissante. Cela mettra le temps qu’il faudra mais je prépare ma
sortie vis-à-vis de ces gens qui ne voit que profits avec intérêts et qui ne
comprennent pas les mots métier, expérience, déontologie.
Je vais bien trouver un moyen de les ‘Crambonniser’, sinon, mon
mépris sera l’autre moyen. Et je commence à savoir y faire.
Faut-il donc que les gens soient cons pour tout gâcher.
Mais je suis satisfait, je vais partir.