Gènes et rations
Il y a eu la dernière génération des 68tards. C’est l’image qu’on
en garde, qui est distribuée par les médias, qu’on s’imagine.
Celle qui lançait des pavés pour faire une révolution étrange qu’on
ne reconnaîtrait pas. Mais je n’y étais pas.
Et puis, les années 70 sont arrivées avec les bouquets de
fleurs psychédéliques, les vans VW colorés, les cheveux longs, les guitares aux
pieds des feux de camps qui prolongeait le phénomène Woodstock de 1969.
Il y avait les antidépresseurs naturels et la musique.
Oh oui, la
musique qui commence à se varier comme une explosion de phénotypes génétiques
différents. Mais je n’y étais pas.
Enfin si, j’y étais un tout petit peu.
Mais quand on parle de générations, il faut avoir l’âge d’en être.
Il ne s’agit pas de la date de naissance, non, ce qui nous marque, c’est la
période universelle qui commence à aux prémices de l’adolescence et qui,
quelquefois, se termine à l’âge bête, l’âge adulte.
Ou bien, on invente (‘on’, des gens bien pensants, qui savent,
eux) des termes comme l’adulescence qui porte des phénomènes de société. Terme
pourtant inventé dans les années 70 et ressorti pour les besoins actuels.
Donc, les seventies, je n’y étais pas.
Pourtant, ça avait l’air bien les années d’avant SIDA.
Et puis, les années 80 sont arrivées, et là, c’est ma partie.
C’est celle dont on parle tant aujourd’hui car les trentenaires
d’aujourd’hui, nés de 1970 à 1980, passent au pouvoir de la société, au contrôle
de leur ouverture de gueule.
Et on (‘on’, des gens bien pensants, qui analysent, qui
réfléchissent, car ils ont la maturité, le recul nécessaire, l’œil critique et
objectif des générations d’avant) pond des beaux sujets sur notre état
psychologique fragile, sur ces absences de but, sur ces accès infantiles et/ou
immatures, sur nos désirs de loisirs avant de songer à travailler, sur nos
tendances régressives, sur nos rêves inachevés, sur ce besoin de les réaliser par-dessus
tout, sur le refus de grandir et le refuge dans le passé…
L’enfance inspire. Elle l’a toujours fait.
L’adolescence s’interroge, combien d’études sont faites ? Physiologique,
psychologique sur cet état naturel passionnant. Ça a toujours été le cas.
Alors comme c’est vendeur puisque les trentenaires d’aujourd’hui
atteignent le pouvoir d’achat, on (‘on’, des gens mal pensants qui profitent du
phénomène inventé par les ‘on’ précédents) nous ressasse des émissions, des
compil, des films cultes, des comportements des années 80… Rations
audiovisuelles.
Je suis devenu une cible marketing. Fichtre.
Mais je ne peux croire que tout cela ne soit pas lié à la
multiplication des moyens médiatiques et d’expression. C’est évident, les
autres « générations » ont tant de choses intéressantes aussi bien à
elles.
Alors nous entretenons ce qu’on nous dicte, ce qu’on nous placarde
puisqu’on se reconnaît un peu. Logique.
Alors Chantal Goya, Dorothée, Goldorak, Candy Casimir… mais qu’avez-vous
fait de nous pour que nous soyons cette génération si nostalgique ?
(Attention, deuxième degré)
A moins que quelqu’un ne se doit donné la peine de faire un
rapprochement entre l’état social des 30 glorieuses qui ont relevé le pays à la
sortie de la guerre et les 30 laborieuses et chômeuses qui ont suivi.
Mais peu importe, nous voilà aux limites de Rousseau quand il
parlait des effets de la société sur l’homme (il naît bon et rendu mauvais par
elle). Inné, acquis, gènes.
C’est aussi passionnant non ?
Bref, je m’égare.
Derrière tout ce bazar de mot, je me dis que dans 10 ans, les
trentenaires nés au fond des années 80 vont prendre le relais. C’est un succès
bien éphémère et contre versé mais ne faut-il pas profiter de ce qu’on nous
écoute aujourd’hui alors ?