Le jour du monde qui tourne
La réalité
n’est jamais très éloignée de la fiction. Ou l’inverse.
Le fait est
que Vinvin (encore lui, je sais, c’est pénible. Take it easy - 2 septembre 2005) nous a décrit une note
véritablement prémonitoire, et sans excès.
En tout
cas, c’est une source de revenus immense.
Que se
passe t-il en Amérique ? Comment lutter ?
Nous avons
eu Félix Faure qui mourut dans d’heureuses circonstances. Ils ont JFK, Marilyn
et le cigare de Clinton.
Je ne dis
pas qu’ils en rajoutent mais tout de même. Cela me parait disproportionné.
Aparté :
Le président Faure est décédé le 16 février 1899 dans une grande extase et dans
Marguerite Steinheil. Ce qui fit dire à Clémenceau lors de l’oraison funèbre :
« Il a voulu vivre César, il est mort Pompée ».
Georges
Clémenceau a dit aussi : « FF (non, FF, c’est Félix Faure, pas France
Football) est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui ». Quelque
chose me dit qu’il devait persister un malentendu entre les deux hommes.
Nous avons
les attentats du métro St Michel, ils ont le 11 septembre. Même les
nationalistes Corses s’inquiètent.
Nous avons la
tempête de 99 et la canicule de 2003, ils ont Katerina (j’avais une blague
primaire sur l’humidité et le prénom féminin mais je n’ai pas osé).
Médiatiquement
parlant, il fallait lutter contre le tsunami d’Asie du Sud-Est.
Malgré
leurs efforts non négligeables, les milliers de morts, les populations sous le
seuil de pauvreté montrées en évidence (elles l’étaient avant le cyclone), les
voies sur berges inondées de la Nouvelle-Orléans comme au meilleur temps de la Seine,
l’absence totale d’une
aide et d’une intervention efficace, les négligences d’entretien des
digues
(80% du budget prévu aux réparations des digues sont partis vers
l’Irak. L’effort
de guerre dirons nous.), les dégâts sous-estimés pendant une semaine,
la transformation de zones résidentielles en quartier John Carpenter (NewYork 1997)…malgré
tout cela et bien d’autre, Katerina n’arrivera pas à la cheville du 26 décembre
2004.
Aparté :
L’ami fidèle, Castro, a même proposé d’envoyer des médecins en aide aux EU. Il
est vrai que si seule l’armée US ou les habitants du Texas viennent en aide aux
sinistrés…
Un doute m’habite
soudain. Pourvu que Lance Armstrong ne se propose pas pour un don de sang.
Bref.
Nous avons
Vercingétorix avec Christophe Lambert et Napoléon avec Christian Clavier, ils
auront bientôt deux films sur le 11 septembre.
Je me
demandais combien de temps les cendres de Ground Zero devraient refroidir avant
qu’un Spielberg ou qu’un Micheal Bay (Armageddon, Pearl Harbor…) ne se charge
du fantastique potentiel cinématographique de ce qui changea la face du Monde
(civilisé, entendons nous, peu de papous de Nouvelle-Zélande ne se rendent
compte de la chose. Il est vrai que les papous n’ont pas CNN ou TF1).
Premier film
en attente : une fiction d’Oliver Stone (JFK, Nixon…euh, Alexander). J’attends
une grande objectivité.
Second
film, un reportage commenté par Kevin Costner avec comme base : la
commission d’enquête du 11 septembre.
Et la
cerise sur le gâteau avant la superproduction qui verra Bruce Willis sauver la Nouvelle-Orléans et le Mississipi en se battant contre les crocodiles dans les bayous sombres :
Hereafter.
3 ou 4 films
à son actif (scénarios, co-producteur…), ne cherchez pas, vous ne les avez pas
vu.
Michael
Patwin est producteur et plein d’autres choses sur le film Hereafter, qui racontera comment un américain a marché (sans
chaussure) sur 100 km
pour retrouver sa famille après le tsunami de la fin d’année dernière.
J'ai
une réelle inquiétude sur la qualité intellectuelle déployée pour faire
du héros de ce film, un américain. Il fera pleurer pour sa famille.
Mais je crains que le sujet ne soit pas le bon. Même si des tonnes de
pellicules sont déployées à renfort d'énormes vagues (voir Le Jour d'après).
Il paraîtrait
que la majeure partie de la recette aille aux familles des victimes (familles de
touristes américains ayant perdu le caméscope ?).
Je ne m’inquiète
pas pour Patwin, il en aura bien une part pour lui et pour les sociétés qui
investiront dans le grand spectacle. Sauf. Oui, sauf si personne ne va voir le
film.
Tiens, l’idée
que le film pourrait lui coûter de l’argent me plait bien.
Cela
évitera peut-être qu’il trouve le moyen de se faire diffuser en Indonésie, au
Sri Lanka…
Comme le
précise Vinvin, à quand le film sur Katerina ?
Alors :
peut-on tout filmer ? Au bout de combien de temps ?
Et comment ?
Ah oui, je
commençais ma note en parlant de source de revenus. C’est donc là que le bas
blesse.
Cela me
rappelle la question philosophique : peut-on rire de tout ? Peut-être
pas avec ceux qui verront dans ces lignes de l'anti-américanisme
primaire. Ce n'est pas le cas, il seulement secondaire ou tertiaire. Et
encore, pas tout le temps. Pas tout le monde non plus. Et ça dépend où.
La réponse
de cette dernière est sans doute située autour de « oui, mais pas avec n’importe
qui ».
Malgré
tout, quand les images se succèdent à la télévision, je me dis ‘pov’gars, c’est
pas d’bol. Sauf que tout n’est pas une question de malchance. De la même
manière que des campings sont emportés en zone inondable ou que L’os en gelée disparaîtra
un jour dans San Adréas, il y aura des gens qui diront après : on aurait pu
éviter au moins…