L'ouverture d'esprits
Qu’aurais-je donc fait avec M. Keating (Le cercle des poètes disparus), Frédéric Game (P.R.O.F.S.) ou Alexandre (Le
cousin d’Amérique. Hier sur France2) ?
Il doit bien en exister de ces professeurs différents qui
s’excluent de l’Education Nationale normée pour pousser la réflexion chez les
élèves et éviter le piège couru du bachotage facile.
Peut-être en ai-je eu un en première, ce prof de Sciences
Naturelles qui aura su m’insuffler l’assurance que cette matière m’était
prédestinée.
C’est grâce à lui que je ne me suis pas trop ennuyé sur les
bancs de la fac quelques années durant. Avant que le système ne me rattrape. Il
en va sans doute de ma responsabilité aussi.
J’aime cependant à penser que j’ai réalisé les études qui me
plaisaient, même si la conclusion ne fut pas celle attendue.
Les méthodes légèrement décalées de ce monsieur du lycée me
satisfaisaient. Il intéressait les élèves, il avait un humour contestable mais
je ne dénierai pas aujourd’hui, il savait gérer ses cours et la pression des
résultats qu’il imposait sur ses élèves.
A moins que tout cela ne fût du vent à côté de sa décision de
nous faire regarder une heure de Tex Avery.
Ou bien peut-être apprécie t-on plus facilement un professeur
quand on le voit en pyjama dans un couloir d’hôtel de montagne à 23h pour nous
rappeler que si nous ne retournons pas de suite dans nos chambrées (respectives
les chambrées !), il n’y aurait pas de ski le lendemain.
Sont-ils si rares ces enseignants qui ne se complaisent pas
dans l’habitude et qui s’intéressent aux élèves ?
J’en ai un de mes amis qui est devenu ce professeur de SVT (ex
Sciences Naturelles, je crois) que les élèves apprécient.
Il nous raconte des anecdotes qui me prouvent que sa façon de
voir l’enseignement est la bonne.
Tout du moins que sa méthode s’approche de ce que j’aurai
souhaité.
Alors, si j’avais eu l’un de ces professeurs de littérature,
aurai-je su réfléchir ?
A cet âge adolescent, j’étais bien plus influençable
qu’aujourd’hui.
Je n’avais pas encore l’esprit trop formaté par la force du
milieu et par mes premières expériences. Le cocon familial était encore présent
pour me dicter mes idées.
J’aurai sans doute suivi l’ouverture intellectuelle du
professeur avec cette crainte naturelle qui retient les plus frileux à sortir
du fonctionnement imposé depuis des années.
Au lieu de ça, je me suis enlisé dans les lectures trop
classiques, dans les rédactions, dissertations dont les idées devaient se
rapprocher discrètement ou non de celle du professeur plutôt que des prémisses
des miennes.
J’ai fait ce qu’on attendait de moi. C’était suffisant pour
réussir dans les études.
Est-ce suffisant à l’extérieur du contexte scolaire ?
D’où l’équilibre vital entre la base théorique nécessaire et sa
propre latitude de développement.